Le maire de Charleville-Mézières somme les occupants du Forum de quitter la salle de spectacles
Boris Ravignon, maire de Charleville-Mézières menace de saisir la justice pour déloger les occupants du Forum. Les militants qui réclament notamment la réouverture des lieux culturels n'ont pas signé la convention d'occupation des lieux proposée par la mairie.
Après plus d'un mois d'occupation du Forum, salle de spectacles de Charleville-Mézières, le maire, Boris Ravignon demande aux occupants de quitter les lieux sous peine de saisir le tribunal administratif.
Comme une centaine d'autres lieux culturels en France, le Forum, salle municipale de Charleville-Mézières est occupée. Depuis le 24 mars 2021, une cinquantaine d'intermittents, de travailleurs sociaux, d'enseignants, de professionnels de santé, de retraités, de demandeurs d'emploi se relaient pour dormir sur place. Ils réclament la réouverture des lieux culturels mais portent aussi des revendications plus larges, sur le nombre d'élèves maximum par classe ou le RSA dès 18 ans.
"Une occupation illégale", constate Boris Ravignon. Les occupants n'ont pas signé la convention d'occupation proposée par la ville de Charleville-Mézières, qui aurait régularisé la situation.
Un problème de sécurité, d'équité et de santé pour la mairie
La ville de Charleville-Mézières pointe en premier lieu un problème de sécurité. "Si un quelconque accident se produit dans ce Forum aujourd'hui, j'en suis responsable", souligne Boris Ravignon qui précise qu'à une quinzaine de reprise, des agents ou policiers municipaux se sont vu refuser l'accès des lieux.
Le maire de Charleville-Mézières évoque aussi un problème d'équité avec les autres associations de la ville qui signent une convention avec la mairie pour disposer d'une salle municipale et un problème de santé car "le port du masque n'est manifestement pas systématique dans ce local".
Le maire de Charleville-Mézières évoque enfin les désagréments que suscitent l'occupation des lieux, les appels au commissariat pour signaler des nuisances et la nécessité de trouver d'autres endroits pour les cours de théâtre que le Forum accueille.
Les occupants du Forum voulaient discuter
Par mails et communiqués interposés, les échanges sur la signature de la convention ont occupé les habitants du Forum et les services municipaux pendant tout le mois d'avril. Un dialogue de sourds.
Le 20 avril 2021, lors d'un reportage réalisé sur place, les occupants du Forum nous confiaient qu'ils ne refusaient pas de signer une convention. Ils ont invité le maire et ses services à venir dialoguer et ont retourné à la mairie des suggestions de modifications restées sans réponse.
Pinailleurs, les militants ont repéré des tournures de phrase dénuées de sens. "Ne pas déposer directement dans le conteneur à poubelle que des sacs hermétiquement fermés", par exemple, laisse entendre qu'on pourrait y jeter directement ses déchets. Les occupants ne se voient pas non plus demander l'autorisation écrite du maire à chaque changement de décoration. "On a un gros pélican rose. Si on le déplace à 14h15 de là à là, à 15h17 de là à là, ils vont recevoir combien de mails ?", plaide l'un d'eux.
Les occupants du Forum répondent à la mairie
Les occupants du Forum se disent par ailleurs d'accord pour fournir une attestation d'assurance mais, comme la signature de la convention, souhaitent que cela soit fait au nom d'une association en cours de création. "Les statuts sont déposés, on attend la réponse de la préfecture", indique l'un d'eux.
Enfin les militants qui ont rebaptisé la salle "Forum arrangé" réfutent les accusations de non-respect des gestes-barrières et nient toute responsabilité dans le fait que des activités culturelles aient dû être relogées ailleurs : "Nous on ne bloque pas ça, ce serait absurde", expliquent ceux qui militent pour une réouverture des lieux culturel et un élargissement du statut d'intermittent.
Pour Boris Ravignon, les occupants "cherchent à gagner du temps". "Il faut une demi-journée pour déposer les statuts d'une association !", s'indigne le maire de Charleville-Mézières qui dit avoir tendu la main, en vain. "Aujourd'hui, la situation ne peut plus durer", conclut-il. Si les occupants ne se plient pas à l'injonction du maire, ce sera au tribunal administratif de trancher.