Les enfants de la classe orchestre d'Avallon s'offrent un concert au Zénith de Dijon
Des écoliers d'Avallon vont jouer devant des milliers de personnes, ce samedi soir, au Zénith de Dijon. Les élèves de la classe d'orchestre de l'école Victor Hugo vont accompagner le trompettiste Ibrahim Maalouf le temps d'un morceau.

Dans la grande salle de leur école primaire, quelques enfants et une poignée d'adultes enchaînent les dernières notes et font les derniers réglages avant le concert de ce samedi soir au Zénith de Dijon. Les 20 enfants de la classe de CM2 de l'école Victor Hugo d'Avallon vont, le temps d'un morceau, accompagner une star de la musique jazz et de la musique du monde : le trompettiste Ibrahim Maalouf.
Devant des milliers de personnes et un grand artiste, il ne faudra pas se louper (Nassim, 10 ans)
Il y a des trombones et des trompettes, des violons et violoncelles, des percussions et des xylophones. Au tuba, Nassim ne tient plus en place : "C'est un morceau qui ambiance, qui a de belles notes, de bons sons", assure cet enfant, qui a eu un tel coup de cœur pour l'instrument qu'il s'est inscrit au conservatoire d'Avallon. Quand il joue avec ses camarades, il ressent "de la joie, du pep's en moi !"

Il est ravi de jouer avec Ibrahim Maalouf mais ne cache pas un peu de stress aussi : "devant des milliers de personnes et un grand artiste, il ne faudra pas se louper!", souffle-t-il dans un petit rire nerveux.
Il y a deux ans, ces 20 enfants ne connaissaient pas la musique. Au Zénith de Dijon, ils vont jouer devant plusieurs milliers de personnes. Depuis le CE2, ils suivent trois heures de cours de musique par semaine, avec des enseignants du conservatoire d'Avallon comme Laurent Gauthier.
"Quand je joue, je ressens de la joie" : les témoignages de Ouassil, Nassim, Anthony et les autres.
L'objectif n'est pas de former des virtuoses mais de créer des mélomanes : "le but du jeu est vraiment de leur faire aimer la musique, pas d'en faire des techniciens affirmés. S'ils veulent devenir des techniciens, ils peuvent s'inscrire au conservatoire et c'est autre chose mais là, notre mission, c'est d'abord de leur faire aimer la musique et de les faire jouer tous ensemble. La cohésion du groupe, c'est ça qui est le plus important", explique le professeur de cuivres.
Les enfants sont fiers et réussissent à s'affirmer (Romain Barry, enseignant)
Le résultat, c'est une classe pleine de rires et de complicité, où l'on apprend beaucoup plus que le solfège : "Ce sont des apprentissages qui se répercutent à d'autres moments de la journée, à d'autres moments de vie de classe et ça se ressent ! Dans le respect des règles, dans l'écoute des enfants et dans la cohésion du groupe. C'est vraiment agréable. Et ces apprentissages ont été transmis par cette classe orchestre", témoigne Romain Barry, l'enseignant de cette classe de CM2.

"Ces enfants ont tous vécu des projets inoubliables grâce au partenariat entre l’école et le conservatoire et grâce à la participation de la ville d'Avallon. Ils ressentent une fierté de ce qu'ils font. Ils sont fiers et réussissent à s'affirmer et ça, ce sont d'autres valeurs qui leur ont été transmises par la classe orchestre", poursuit le professeur.
"Grâce à la classe d'orchestre, les enfants sont fiers et arrivent à s'affirmer" : Romain Barry, enseignant.
"Au début, je ne me rendais pas compte que ça pouvait être aussi bien de jouer du violoncelle. (Ouassil, 10 ans)
Un enthousiasme partagé par les enfants. "Au début, je ne me rendais pas compte que ça pouvait être aussi bien de jouer du violoncelle. Parce qu'il y a vraiment de belles notes !", explique Ouassil, qui reconnait quand même qu'au début, c'est difficile : "tu as mal aux doigts quand tu tapes sur les cordes. Et il faut tenir la note". "Ce qui est difficile, c'est de faire les bonnes notes à chaque fois", poursuit Emy.
"C'est bien de faire de la musique car on a plus de sorties, on s'amuse encore plus, on s'exprime encore plus", ajoute Ilyas qui fait du trombone."Cela m'apporte de la joie : jouer avec toute la classe. On peut s'amuser, se libérer", conclut Anthony, un petit garçon qui nous répond en souriant, alors qu'il y a encore deux ans "il avait du mal à réciter une poésie devant toute la classe", raconte sa maîtresse, Sandra Marthino. C'est elle qui a lancé la classe d'orchestre de l'école Victor Hugo il y a 6 ans. C'était alors la première dans le département. Aujourd'hui, on compte 71 classes orchestre dans toute la région Bourgogne-Franche-Comté.
Dans un coin de la salle, Kessaria regarde son violon avec tendresse. La classe d'orchestre a un peu changé sa vie : "Au début, je ne savais pas jouer du violon, je ne connaissais même pas ça, je n'aimais pas le violon. Maintenant, c'est ma passion et je suis très fière d'en jouer ! On peut s'exprimer. Et moi, je suis très très timide, et quand je joue des concerts, ça m'apporte de la confiance en moi."

Le reportage de Delphine Martin