Nantes : les musiciens de jazz attendent de pouvoir nous faire swinguer de nouveau
Ce vendredi 30 avril, c’est la journée mondiale du jazz. Et à Nantes, le jazz, c’est toute une histoire. Le tout premier concert de jazz en Europe, c'était d’ailleurs ici, en 1918. Mais, depuis des mois, à cause du Covid-19, les musiciens sont privés de café-concert.
En cette journée mondiale du jazz, ce vendredi 30 avril, l'attente se prolonge pour les musiciens et les amateurs. Depuis des mois, à cause de l'épidémie de Covid-19, ils sont privés de concerts.
Comme Paul et ses copains qui, faute de pouvoir jouer devant du public, répètent à la maison. Avec la pandémie, les bistrots-concerts de Nantes ont fermé. Pourtant, la ville est connue pour sa scène musicale, au beau panel de jazzmen.
On a la sensation de mouliner dans la semoule
"C’est terriblement frustrant parce que nous avons besoin de travailler nos instruments tous les jours, mais quand on n’a plus de public pour présenter notre travail et partager cette musique, on a la sensation de mouliner dans la semoule. On est dans une perte de sens en fait, explique Paul, saxophoniste, on va vraiment chercher cette connexion avec le public." Il ajoute : "En plus, il y a vraiment un sens du spectacle à jouer devant du monde, qu’on ne retrouve pas dans d’autres performances artistiques."
Les musiciens n'ont plus d'endroit où jouer
Avant le Covid-19, Paul et ses amis - bien que musiciens expérimentés - jouaient de temps en temps au Zygobar, un bistrot-concert à Nantes, géré par Fabien : "Les musiciens ont besoin de nos petits lieux." Pour Fabien, son établissement est essentiel pour des musiciens qui seraient débutants : "Pour s’amuser, mais aussi se faire découvrir, tester le public ! Il faut bien commencer quelque part et, en ce moment, ces musiciens-là n’ont plus d’endroit pour commencer. Depuis le mois de novembre, c’est un peu la Bérézina. »
Le jazz doit se vivre au plus près du public
Surtout, pour Fabien, le jazz doit se vivre au plus près du public. Et c’est tout l’intérêt de son café-concert : "C’est une musique qui, à la base, est populaire, au milieu des gens, dans cette euphorie que le jazz emmène." Il se souvient : "Ça m’est déjà arrivé d’avoir des musiciens qui jouaient sur le bar, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux sur la scène. D’autres se sont mis sur le petit tonneau derrière. Un petit saxo ici, un trombone là", pointe-t-il du doigt dans son bistrot désormais vide. "Ça me manque énormément, ces rendez-vous sociaux, ces gens qui partagent des moments de convivialité qui nous manquent cruellement", regrette Fabien.
Malgré la réouverture, l'ambiance collé-serré ne reviendra pas tout de suite
Ces scènes au coin du bar permettent aussi de démocratiser la culture du jazz, en la rendant accessible à tous. C’est aussi ça l’intérêt de ces lieux. "C’est tout petit chez nous, mais justement, c’est une ambiance intimiste, qui correspond à ce genre de musique. Malheureusement, aujourd’hui, on ne peut plus être collé serré", conclut-il. Et même s’il aura le droit de rouvrir dans quelques semaines, pour cette ambiance-là, il faudra encore attendre…
Clémence Pénard