Rave parties sauvages en Charente-Maritime: faut-il les interdire ou les accompagner?
Dans le secteur de Montlieu-la-Garde, la multiplication de "free parties" ces derniers mois a excédé les riverains et leurs élus, qui n'en veulent plus. La réunion publique organisée ce vendredi soir doit permettre d'amorcer un dialogue avec les organisateurs, dont certains seront présents.
Une dizaine de "free parties" recensées en à peine deux mois dans le secteur de Montlieu-la-Garde (Charente-Maritime). La dernière mi-mai a laissé un goût amer: 400 amateurs de techno réunis dans un bois à Orignolles, à 300 mètres des premières maisons, avec une sono qu'on entendait jusqu'à Montlieu-la-Garde, assure son maire Nicolas Morassutti: "Mon seul désir, c'est que cela s'arrête. Parce que je crois qu'il y a eu un abus de certains sound-systems. Et la population a besoin de se reposer, de se calmer."
Une réunion publique pour faire retomber la pression
Voilà qui résume bien le sentiment de beaucoup d'habitants de Montlieu-la-Garde, Orignolles, Bédenac, Bussac-Forêt et Clérac, excédés par le bruit. Plusieurs incidents, certains violents, ont mis aux prises des jeunes fêtards avec des riverains. D'où une réunion publique organisée ce vendredi soir à 18h à la salle des fêtes de Montlieu, en présence de certains organisateurs. Histoire de permettre à chacun de s'exprimer, pour faire retomber la pression.
On peut discuter. Mais on discute avec la loi. Quand on fait une manifestation, on l'organise, on la déclare. - Nicolas Morassutti, maire de Montlieu-la-Garde
Le député LRM de la circonscription, Raphaël Gérard, va plus loin. Il vient d'écrire au ministre de l'Intérieur, pour réclamer un renfort ponctuel de gendarmes en provenance de Gironde, afin d'épauler leurs collègues un peu débordés de la Haute-Saintonge: "Ce ne sont pas une quinzaine de gendarmes qui peuvent maintenir l'ordre, face à des centaines de participants, surtout si on ajoute les problèmes d'alcool, de drogue, qui peuvent être associés à ce type d'événement."
La situation est explosive. Et il faut mettre des gendarmes supplémentaires pour arriver à casser cette mauvaise dynamique. - Raphaël Gérard, député LRM de la Charente-Maritime
Le procureur de Saintes, Nicolas Septe, doit justement faire le déplacement vendredi soir, pour préciser la législation qui s'applique à ces rassemblements festifs. Une loi qui protège en partie les free parties: pas besoin d'autorisation en dessous de 500 participants attendus, ce qui est généralement le cas dans notre région. L'heure est plutôt au dialogue, veut croire Samuel Raymond, coordinateur de Freeform, association nationale dont la mission est d'aider les organisateurs de rassemblements festifs. "Il y a deux façons d'appréhender le rapport avec la jeunesse: soit on dialogue, soit on tape" analyse Samuel Raymond, qui sera présent lui aussi à Montlieu-la-Garde.
Avec la jeunesse, "soit on dialogue, soit on tape"
"Là, on est dans une situation de blocage, reconnaît Samuel Raymond. A Orignolles, les organisateurs se sont installés trop près d'un village, et ça a énervé les gens." Mais les torts sont partagés, ajoute-t-il.
Il y a eu des actes de violence aussi du côté des riverains. Il y a quand même eu un véhicule retourné par un tracto-pelle avec un jeune à bord du véhicule. C'est dangereux. - Samuel Raymond, coordinateur de l'association Freeform
Le responsable associatif attend beaucoup de la réunion de vendredi soir, "pour que les gens se parlent, même si ça va être un peu houleux au début." Renouer le dialogue entre des élus et une jeunesse avant tout locale, souligne Samuel Raymond. Selon Freeform, les organisateurs de free parties habitent généralement à moins de 50 km de l'événement. Le dialogue, c'est aussi ce que demande le Collectif Poitou-Charentes des sound-systems techno, dont des représentants seront à Montlieu-la-Garde ce vendredi soir.
Une relation de confiance est-elle possible?
Dans les Landes, en Touraine, la relation avec les élus se passe bien, assure Samuel Raymond, qui prône le retour de la confiance: "dire aux jeunes organisateurs: là vous dérangez vraiment les gens, il ne faut pas le refaire. Quitte à être ferme. Mais leur dire aussi: on va vous apporter des solutions, proposer des terrains. C'est comme ça qu'un pays avance, généralement..." Un message que les élus de Haute-Saintonge ne sont peut-être pas encore prêts à entendre.