Touraine : en 80 portraits, un photographe met en lumière la "Culture en danger"
Romain Gibier est un tourangeau qui exerçait avant la pandémie le double métier de conteur et magicien. Privé d'activité depuis un an, il se sert de sa deuxième passion, la photographie, pour montrer la détresse du monde de la culture. 80 membres du secteur de l'évènementiel ont posé pour lui.
Une initiative originale d'un photographe tourangeau : pour illustrer la détresse des différents acteurs du monde de l'évènementiel, interdits de travailler depuis des mois à cause du Covid, Romain Gibier a photographié 80 tourangeaux. Des artistes, mais aussi un loueur de matériel de scène, une maquilleuse, un programmateur et même une cuisinière qui travaille habituellement dans les cantines des tournages ou des concerts. Il veut ainsi montrer au grand public que la culture est multiple et ne s'arrête pas à deux trois métiers mais en compte plus d'une centaine.
Sur chaque photo, il n'y a que quelques mots : un tampon "Non-essentiel", en rouge sang, et en blanc, le métier concerné. Chaque personne pose dans un rond de lumière, avec quelques objets liés à son activité. Autour, du noir profond représente la mise à l'écart et l'avenir incertain. Les photos sont souvent très belles, comme celle de la décoratrice drapée dans un immense tissu. Certaines sont plus ironiques, à l'image de celle de la cuisinière qui préparait les repas des artistes et des équipes techniques lors des spectacles ou des tournées. "Elle est placée dans son faitout, avec des légumes partout, et ces yeux semblent dire que c'est pour elle que c'est cuit".
Drôles ou graves, les mises en scène ont toujours été décidées après une discussion entre chaque modèle et le photographe : "Certains sont en colère. Certains sont à bout. D'autres ont encore de l'espoir. J'ai tout de même l'impression que ces 80 rencontres ont fait du bien à tout le monde, au photographe comme aux modèles. On a tous pu se dire qu'on n'était pas tout seul dans cette galère".
Ces 80 photos, on peut déjà les découvrir sur les façades du Bateau Ivre et du Nouvel Olympia, à Tours. L'objectif de Romain Gibier, c'est que de nombreux autres salles de spectacle ou de cinéma, par exemple, les exposent. Que les gens puissent au moins voir cette expo depuis l'extérieur, à défaut de pouvoir entrer dans les lieux culturels : "Pour que le message circule, je m'engage à mettre à disposition l'intégralité des images gratuitement, à toutes les structures culturelles, qu'il s'agisse de salles de spectacles, de cinémas, de musées, même de compagnies ou de centres socio-culturels qui voudraient participer au projet, chacun à sa hauteur et à sa manière. Il suffit de m'envoyer un message via mon site."
En Indre-et-Loire, quatre salles ont déjà pris contact avec le photographe. L'expo pourrait bientôt s'afficher aussi sur des lieux culturels à Poitiers, à Chartres, et en Corse.