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Touraine : "Les spectacles souffrent encore lourdement d'une absence du public" selon le patron d'AZ Prod

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Malgré l'allégement des restrictions sanitaires, les lieux culturels n'ont toujours pas retrouvé leur public. C'est ce que montre une étude réalisée à la demande de la ministre de la culture et ce que constate aussi le fondateur d'AZ Prod. Sa société basée à Tours produit de nombreuses tournées.

Le concert de Francis Cabrel, en juillet, au palais des congrès, avait marqué la reprise des concerts à Tours. Le concert de Francis Cabrel, en juillet, au palais des congrès, avait marqué la reprise des concerts à Tours.
Le concert de Francis Cabrel, en juillet, au palais des congrès, avait marqué la reprise des concerts à Tours. © Maxppp - ©Vincent MOUCHEL/PHOTOPQR/OUEST FRANCE/

Julien Lavergne est le fondateur et le gérant de la société AZ Prod, qui compte 8 salariés. Cette société de production de concerts et de spectacles basée à Tours produit notamment les tournées de Patrick Bruel, Francis Cabrel, Jeff Panacloc, Grand Corps Malade, Laurent Gerra IAM et beaucoup d'autres. Elle a actuellement 200 spectacles à la location.

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France Bleu Touraine : En moyenne à quel niveau se situent les taux de remplissage des tournées que vous produisez actuellement, en Indre et Loire et ailleurs ?  

Vincent Lavergne : C'est variable, mais on dépasse rarement les 70%. Je pense qu'on est plutôt sur une moyenne de 50 à 60%. Pas forcément 50% du remplissage de la jauge de la salle, mais plutôt du remplissage qu'aurait fait l'artiste ou le spectacle habituellement. On est loin d'avoir gagné et d'avoir repris un rythme de croisière.

Tous les artistes sont touchés de la même manière ?

Non, il y a des spectacles qui souffrent encore plus que d'autres. C'est variable, ça peut être des spectacles d'humour de jeunes artistes qui peinent à démarrer et à lancer leur carrière. Ou des retours de groupes qui sont sur le deuxième ou troisième album et qui peinent à revenir avec un niveau de notoriété comparable à ce qu'ils avaient l'habitude d'avoir. 

Le public est revenu pour les très grandes vedettes, mais pour les autres, c'est un petit peu plus compliqué ?

C'est un peu l'arbre qui cache la forêt, effectivement. Coldplay remplit les stades de France à tour de bras en ce moment et c'est tant mieux. On s'en réjouit, mais on ne fait pas tous du Coldplay. Il n'y a pas de Stade de France dans toutes les villes et il n'y a pas Coldplay dans toutes les villes. Majoritairement, les spectacles souffrent encore lourdement d'une absence du public. Heureusement, il y a quand même un public qui se déplace, mais on n'est pas au niveau de remplissage et d'activités qu'on avait sur l'année 2019, avant le Covid.

A Tours, par exemple, on a quand même vu des Cabrel ou des Bruel remplir le palais des congrès

Non. Francis Cabrel attire habituellement à peu près 4.000 personnes à Tours, et là, on a à peine dépassé les 1.000 personnes, mais c'était le 1er juillet et c'était le premier concert de redémarrage à Tours. Depuis, le remplissage de sa tournée a bien augmenté, heureusement, mais on est loin des standards habituels sur les artistes qu'on défend habituellement. 

Est-ce-qu'il n'y a pas, paradoxalement, trop de spectacles actuellement entre les tournées qui avaient été reportées et celles dont le début était prévu maintenant ? 

Bien sûr. C'est une des explications. Il y a trop de spectacles et d'engorgement, c'est un fait. Après, il y a d'autres raisons. Il n'y a pas que celle-ci. On remarque aussi que le public a deux, trois, quatre billets dans les poches et que tant qu'ils n'auront pas consommé les billets de spectacle qu'ils ont achetés en 2019 ou 2020, les gens peinent à acheter un nouveau billet pour un autre spectacle.

Quel regard portez-vous sur le pass sanitaire ? 

Nous, les professionnels du spectacle, nous y étions favorables et on l'a poussé depuis longtemps parce qu'on savait que c'était le sésame qui nous permettrait de redémarrer et de reprendre notre activité. Aujourd'hui, je constate que dans pratiquement tous les concerts qu'on organise, le public se prête volontiers au pass sanitaire. Les gens le montre et ça se passe plutôt bien. On n'a pas de retard pour démarrer les concerts. On s'est adapté en renforçant notre dispositif de personnel d'accueil pour que ça soit le plus fluide possible et que le spectateur et le public puissent vivre son concert ou son spectacle dans les meilleures conditions. Je pense que ce n'est pas un frein à l'acte d'achat de billets de spectacles aujourd'hui. 

Le pass sanitaire est un instrument qui a sauvé votre métier ? 

Oui, aujourd'hui, je le pense. Sans pass sanitaire, je pense qu'on serait soit encore en jauge réduite, contrainte, ou soit partiellement fermé. Sur les spectacles debout, on aurait beaucoup plus de contraintes qu'actuellement, j'en suis persuadé.

Pendant les confinement. Il y avait eu beaucoup d'inquiétudes exprimées à propos des prestataires de services du milieu du spectacle : les éclairagistes, les ingénieurs du son, les hôtesses, etc. Où en est-on ? 

On est toujours inquiet. Ca reste compliqué. Il y a deux phénomènes : il y a une partie du personnel qui a changé d'activité, même si c'est plutôt faible, mais on a aussi beaucoup plus d'activités qu'en temps normal. Donc, les deux cumulés, on est parfois à la peine pour recruter et avoir les équipes complètes. C'est compliqué. 

Et quelle est la situation financière d'AZ prod aujourd'hui ? 

Aujourd'hui, elle est saine puisqu'on avait une société saine, avec des fonds propres conséquents, que le niveau d'aides de l'Etat entre janvier 2021 et août était très satisfaisant. Maintenant, je reste encore inquiet parce qu'on ne sait pas de quoi sera fait l'avenir. On voit que dès que, dans les médias, on commence à reparler des taux d'incidence qui remontent, nous on le voit dans nos chiffres de vente puisqu'on contrôle nos ventes quotidiennement. On vit au jour le jour. On note aussi un phénomène qu'on n'avait pas jusque-là et que je n'ai pas connu depuis quinze ans que je fais du spectacle, c'est qu'on remplit les quinze derniers jours. On vend les billets dans les deux semaines qui précèdent le spectacle. Le public reste encore attentif, frileux et attend vraiment le dernier moment, pour savoir si ce spectacle va bien avoir lieu ou pas. La reprise est là puisque les spectacles se font, ça c'est indéniable, mais on est loin d'avoir repris un niveau d'activité comparable à avant la crise. On pense qu'il ne reviendra pas avant le printemps 2022, au mieux. 

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