Tours : l'Abbaye royale de Beaumont redécouverte sous les casernes Beaumont-Chauveau
En 1790, l'Abbaye royale de Beaumont était vendue comme bien national à un démolisseur et détruite jusqu'au sol. Cette abbaye vient se rappeler aux souvenirs des Tourangeaux grâce aux fouilles archéologiques entreprises sur le site des casernes Beaumont-Chauveau.

Des fouilles sont actuellement réalisées par l'nstitut national de recherches archéologiques préventives avant que ne commence le chantier d'un nouveau quartier d'habitation à Tours.
Une redécouverte entre les pelleteuses et les tas de gravats
Lorsqu'on arrive sur le chantier de démolition, on est bien loin de la splendeur de cette Abbaye royale ! Entre la boue, les trous d'eau et les tas de gravats, il faut une certaine imagination pour retrouver ce site occupé avant l'an 1000.
"Un site exceptionnel" comme l'explique Philippe Blanchart l'archéologue en charge de ces fouilles : "Le site des casernes Beaumont-Chauveau correspond exactement à l'emprise d'une Abbaye médiévale, construite au tout début du XIième siècle, en 1002."
Il y avait les religieuses aristocrates qui priaient et celles qui trimaient, c'était la société de l'époque même au couvent !
Et donc sous terre se trouvent les fondations de l'église abbatiale, du cloître, de tous les bâtiments conventuels, les bâtiments de la cour d'accueil et aussi tous les jardins et les vergers.
Même si cette abbaye royale n'avait pas le prestige de celle de Marmoutier, elle était très importante et bien dotée : "L'Abbaye fonctionne de 1002 jusqu'en 1790", explique l'archéologue : "elle est fondée en 1002 par Hervé de Buzançais le trésorier de l'Abbaye de Saint Martin, c'est un ordre bénédictin. Il y avait les religieuses aristocrates qui priaient et celles qui trimaient, c'était la société de l'époque même au couvent !"

Trois cimetières sur le site dont celui de l'hôpital Bretonneau
Pour l'instant, les fouilles ont mis à jour trois cimetières : l'un daté de l'an 700 à l'an 1000, à l'époque se trouvait là un hameau et un autre, véritable curiosité du site : le cimetière de l’hôpital Bretonneau de 1866 à 1913 : "On a très vite fait le lien avec l'hôpital, on a trouvé des corps très étranges" raconte Philippe Blanchart, "certains ont été inhumés sans leur crane, d'autres ce sont seulement des parties de corps, on a des bras, le bassin et les jambes".
Aucun mystère à cet étrange site funéraire puisque ce lieu était géré par l’hôpital Bretonneau qui y avait son jardin pour nourrir les malades mais aussi un lieu de sépulture : "certaines parties de corps présentaient des traces de découpe typique des hôpitaux par exemple de dissection ou d'autopsie" confirme l'archéologue.
Pour l'instant, plusieurs trouvailles comme une pièce de monnaie en argent datée entre 810 à 840 atteste de l'occupation des lieux bien avant l'abbaye et les archéologues ont aussi retrouvé de la vaisselle cassée datée cette fois des XVIIième et XVIIIième siècles
