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Des maires normands autorisent les commerces "non-essentiels" à rester ouverts

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Les maire d'Evreux, Bourg Achard, Charleval (Eure) et Saint-Jouin-Bruneval (Seine-Maritime) ont pris un arrêté autorisant la réouverture des commerces "non-essentiels". Ils dénoncent une inégalité de traitement avec les grandes surfaces, qui continuent à vendre des produits non-alimentaires.

Le maire (LR) d'Evreux a pris un arrêté autorisant la réouverture des commerces non-alimentaires. Le maire (LR) d'Evreux a pris un arrêté autorisant la réouverture des commerces non-alimentaires.
Le maire (LR) d'Evreux a pris un arrêté autorisant la réouverture des commerces non-alimentaires. © Radio France - Laurent Philippot

A Bourg-Achard, dans l'Eure, le magasin de jouets Papa, Maman et moi a d'abord annoncé vendredi soir sa réouverture sur Facebook, suite à l'arrêté de la maire (SE) Josette Simon. Comme d'autres élus partout en France, elle réclame l'égalité de traitement avec les grandes surfaces, qui sont toujours autorisées à vendre des produits non-alimentaires à l'exception des livres. La réponse du préfet de l'Eure ne s'est pas fait attendre : les commerces "non-essentiels" qui ont décidé de rouvrir seront verbalisés. Le gérant a donc choisi de renoncer : "On préfère suivre les indications de l'Etat. Sinon, on risque une amende et de fermer un petit moment. Et puis maintenant que tout le monde le sait, ils vont tourner dans Bourg-Achard!"

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La gérante de la boutique de prêt à porter L'Esprit des lieux a choisi, elle, de rouvrir. Quitte à prendre une amende : "Oui, on prend ce risque là mais l'autre risque, c'est d'arrêter totalement. Deux périodes comme ça dans l'année, ça peut être fatale à plein d'entreprises." Et la commerçante de dénoncer l'inégalité de traitement avec les grandes surfaces, qui peuvent continuer à vendre des vêtements ou des produits de coiffure.

"Les maires peuvent prendre des arrêtés. C'est encore un pouvoir qu'il nous reste !" - François Auber, maire de Saint-Jouin-Bruneval

François Auber, le maire divers gauche de Saint-Jouin-Bruneval, en Seine-Maritime, a pris également un arrêté autorisant la réouverture dans son village des commerces "non essentiels" . Les laisser fermés, explique-t-il, c'est inciter les gens à faire leurs courses dans les grandes surfaces ou sur internet. "Nous, on a trois grandes zones commerciales autour du village. Gifi, la Fnac: tout est ouvert. Donc ça veut dire qu'on invite les gens à aller faire leurs courses de Noël dans les supermarchés, au détriment d'une _économie locale qu'on va sacrifier__."_

L'arrêté se justifie aussi sur le plan sanitaire, selon François Auber : "Est-ce-qu'on prend plus de danger à prendre un caddie, mettre les mains sur la barre et rentrer à des milliers dans des supermarchés ou d'aller sur des marchés ouverts et ventilés?", demande l'élu. François Auber sait que son arrêté sera annulé par le tribunal administratif : "Effectivement, dans la hiérarchie des normes, ce n'est pas ainsi que les choses se passent. En même temps, les maires peuvent encore aujourd'hui prendre des arrêtés. C'est encore un petit pouvoir qu'il nous reste." Samedi matin, deux des trois boutiques non-alimentaires de Saint-Jouin avaient rouvert leurs portes. 

Le préfet de l'Eure menace les commerces d'une fermeture administrative

Dans l'après-midi, le préfet de l'Eure a répliqué. Il a déféré les arrêtés municipaux pris à Evreux, Bourg-Achard et Charleval au tribunal administratif de Rouen, en vue de leur suspension. Il a rappelé que le gouvernement avait mis en œuvre un ensemble de dispositifs permettant aux commerces fermés de bénéficier de soutiens financiers (fonds de solidarité jusqu'à 10.000 euros par mois, mesures de chômage partiel indemnisées à 100 % pour l'employeur, exonérations de charges sociales et crédit d'impôt pour la réduction des loyers).

Le représentant de l'Etat a rappelé aussi que ces commerces ont la possibilité de recourir à la livraison à domicile et à la vente à emporter durant cette période de confinement. Enfin, pour les commerces qui resteraient ouverts, ils seront verbalisés et feront en plus l'objet d'une fermeture administrative.

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