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À Carquefou, la mobilisation des salariés de U logistique pour Stéphane, leur collègue sourd
C'est l'incompréhension à la plateforme logistique des magasins U à Carquefou. Après huit mois au sein de l'entreprise et une embauche en CDI, Stéphane, un jeune homme sourd de 33 ans a du quitter son poste sur décision de la médecine du travail.

Les salariés et la direction de la plateforme logistique des magasins U - U logistique - à Carquefou, se mobilisent pour Stéphane qui vient de travailler avec eux pendant huit mois. Stéphane a 33 ans, il est sourd. Il a d'abord eu un contrat en intérim pendant six mois avec l'appui de Cap emploi qui œuvre pour l'emploi des personnes handicapés. Et, comme tout se passait bien, il a été embauché en CDI. Sauf que, deux mois plus tard, la médecine du travail à dit non. Il ne peut pas travailler dans l'entrepôt des produits frais parce que trop dangereux à cause du balai des engins qui transportent les palettes et qu'il ne peut pas entendre.
Il est super heureux de travailler avec nous !
Et cette décision, à l'entrepôt de Carquefou, personne ne la comprend. À commencer par Soumira. Comme elle connait la langue des signes, c'est elle qui a formé Stéphane à son arrivée. Le début de huit mois de bonheur. "Il est super heureux de travailler chez nous ! Il a qu'une hâte, c'est de revenir au plus vite. Il adore ce qu'il fait et il se sent bien avec nous. Il est bien intégré et en sécurité."
Tout le monde s'est adapté et ça a été bénéfique pour tout l'entrepôt.
Parce que tout a été mis en œuvre pour qu'il soit en sécurité. Il porte un gilet jaune pour que les conducteurs d'engins fassent très attention quand ils passent près de lui, explique Yann Tremblais qui est représentant du personnel : "Tout le monde s'est adapté et je dirais même que ça a été bénéfique pour tout l'entrepôt puisqu'on a aussi changé nos mauvaises habitudes de conduite. Klaxonner aux intersections, ça ne servait plus à grand chose avec Stéphane dans l'entrepôt. On ralentit davantage. Pour la chasse aux accidents du travail, c'est un plus pour l'entreprise". Surtout que, finalement, quand ils ont le casque sur les oreilles où on leur dicte les commandes à préparer, les autres salariés ne sont pas si différents de Stéphane, glisse Soumira : "Il y a des choses que, même nous, on n'entend pas. Avoir l'audition c'est bien, mais être attentif, c'est bien plus important finalement". Et ça, c'est grâce à Stéphane que les salariés de la plateforme l'ont appris.
Avec tout ça mis bout à bout, la décision de la médecine du travail a été reçue comme une claque. D'autant plus qu'un premier médecin du travail et Cap emploi, qui accompagne les travailleurs handicapés, avaient validé le poste occupé par Stéphane.
"Stéphane le vit très mal"
L'incompréhension est la même chez le jeune homme et chez son père, Alain : "C'est vrai qu'il le vit très mal. Il ne sait pas s'il va pouvoir continuer un travail qui lui plaît. Il s'est intégré dans cette société. Tout le monde apprécie Stéphane. Et là, il me dit : 'j'ai pas envie de quitter mon travail, j'aime ce que je fais. Je ne vois pas pourquoi on m'empêcherait maintenant de continuer'. Il me demande : 'qu'est ce que j'ai fait de mal ? Pourquoi on veut pas que je travaille puisque tout est fait pour que je travaille dans les meilleures conditions possibles. Et qu'est ce qu'on me reproche ? On m'arrête, on m'empêche de travailler jusqu'à quand ?".
Je me sens démuni à toujours devoir me battre contre vents et marées.
Le père de Stéphane est à bout. Épuisé de devoir mener un énième combat pour que son fils puisse avoir la vie à laquelle il a droit. "Ça fait des années qu'on se bat dans le monde du handicap. Et je vois que c'est toujours la même chanson, la même question. On se demande réellement, devant tous ces problèmes, qui est réellement sourd. Si ce sont les personnes proprement dites ou ceux qui les entourent. Dans le cas présent, la médecine du travail, pour un autre cas, ça va être l'administration avec un grand A. Donc, je me sens démuni parce que les gens se battent contre vents et marées, parce que c'est nous, parents, qui le faisons pour nos enfants parce que eux, tous seuls, ne pourraient pas le faire".
Le père de Stéphane a donc pris un avocat. Les salariés et la direction de U logistique ont lancé une pétition auprès des 450 salariés de l'entrepôt frais pour demander à la médecine du travail de revenir sur sa décision.
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