- Accueil
- Bretagne
- Finistère
- Infos
- Économie - Social
- À Concarneau, pêcheurs et associations se mobilisent contre l'arrivée d'un chalutier géant
À Concarneau, pêcheurs et associations se mobilisent contre l'arrivée d'un chalutier géant
Des associations écologistes et des marins pêcheurs appellent à célébrer symboliquement les "funérailles de la pêche artisanale" ce vendredi à Concarneau, où doit être baptisé le Scombrus. Un chalutier-congélateur de 81 mètres accusé d'accaparer les quotas de pêche et d'épuiser les ressources.

Dans le port de Concarneau, difficile de ne pas le remarquer tant il en impose. Le Scombrus, un navire de 81 mètres de long, sera baptisé en grande pompe ce vendredi par son armateur France Pélagique en présence de 300 invités. En marge de l'événement, plusieurs organisations comme BLOOM, Life, Pleine Mer, la Plateforme de la Petite Pêche mais aussi Europe Ecologie-Les Verts appellent à se mobiliser contre ce géant, symbole à leurs yeux des dérives de la pêche industrielle.
De très gros volumes
Le chalutier-congélateur ultra-moderne serait capable de rafler "200 tonnes de poissons en une nuit" selon ses détracteurs. "On se rapproche plutôt des 100-120 tonnes de poisson par jour", a rectifié Geoffroy Dhellemmes, le directeur général de France Pélagique vendredi matin sur l'antenne de France Bleu Breizh Izel. "Nos quotas de pêche ne nous permettent pas de pêcher plus que ce que nous avons le droit de pêcher. Et la pêche pélagique que nous pratiquons c'est moins de 1% de prises accessoires (d'espèces non désirées) donc c'est extrêmement faible."
Ce modèle de pêche n'est ni cohérent, ni écologique en plus d'être socialement déplorable - Thibault Josse de l'association Pleine Mer
Les associations dénoncent "l’énorme impact sur l’écosystème" d'un navire de cette taille, qui nécessite "de concentrer énormément de quotas pour être rentable, pénalisant fortement le secteur artisanal qui se partage les miettes".
Les dents grincent
Sur le port de pêche, "si vous tendez l'oreille, vous entendez les dents grincer", raconte Thibault Josse, de l'association Pleine Mer qui milite pour la pêche artisanale. "Si les pêcheurs n'ont plus de quotas, si les espèces se raréfient parce que ce genre de bateau rafle tout, automatiquement, les petits artisans sont menacés", regrette-t-il.
À quai, tout le monde se sent menacé. Marc Chaduc navigue depuis un certain temps à bord de l'Idéfix. Il pêche du lieu, du merlan, du bar de ligne. "Je n'ai que 6 ans à faire avant la retraite. Je pensais finir ma carrière avec mon bateau mais je vois que c'est de plus en plus compliqué", soupire-t-il, "les industriels s'enrichissent avec ces bateaux-là. Ce poisson-là pourrait faire vivre toute une flottille de petits pêcheurs mais ils vont juste enrichir les capitalistes". Même chose sur le Perzel où Romain Wallet y remonte ses filets. "C'est impossible de les concurrencer. Ce qu'ils font en une nuit, nous on le fait en un an", peste-t-il.
Avec son équipage de 35 marins, le Scombrus pêchera sous pavillon français, mais ses milliers de tonnes de harengs, maquereaux, ou chinchards seront débarqués dans le port de Ljmuiden au Pays Bas, pour alimenter le marché mondial.
Tensions
Les autorités redoutent des tensions vendredi à Concarneau. Des discussions se poursuivaient jeudi entre la préfecture du Finistère et les organisateurs de la manifestation, qui attendent plusieurs centaines de personnes. Certains pêcheurs ont activé leurs réseaux : des marins de Vendée, de Normandie, du Pays Basque et même de Méditerranée sont attendus. La veille, le Scombrus était arrivé escorté d'une vedette de la gendarmerie maritime. Des policiers et des agents de sécurité avaient aussi été déployés sur le quai. Le navire doit appareiller dès dimanche de Concarneau.
Ma France : s'adapter au coût de la vie
Vous constatez l'augmentation constante des prix et la diminution de votre pouvoir d'achat ? Vous avez trouvé des astuces, des bons plans, vous avez changé certaines de vos habitudes pour vous adapter à l'inflation ? Réparation, covoiturage, location, échanges de services... France Bleu, en partenariat avec Make.org , vous invite à partager vos idées originales et solutions concrètes du quotidien, et à donner votre avis sur celles d'autres citoyens. Trouvons ensemble les moyens de faire face à la vie chère !