Accidents dans le BTP en Gironde : "Moi j'ai pas envie de mourir au travail !"
Un rassemblement a eu lieu ce mardi soir près de la rue Delbos dans le quartier Bacalan à Bordeaux. C'est là qu'un ouvrier du bâtiment a trouvé la mort sur un chantier mi-octobre. Les syndicats dénoncent la détérioration de leurs conditions de travail.

Ces dernières semaines, deux ouvriers ont perdu la vie sur un chantier. Le premier mi-octobre, rue Delbos, dans le quartier Bacalan à Bordeaux. Le deuxième, à Bayon -sur-Gironde dans le Blayais, quelques jours plus tard. Deux chutes mortelles qui auraient dû être évitées, selon les manifestants du BTP qui se sont rassemblés mardi 7 novembre au soir à Bordeaux.
Des manquements aux règles de sécurité
D'après les chiffres des syndicats du secteur, on dénombre un mort tous les deux jours dans le bâtiment et un accident grave toutes les trois minutes. En cause, de grave manquements aux règles de sécurité, souligne Filimon Chatelier, charpentier de 25 ans : "Des protections collectives, on devrait en avoir tout le temps. Normalement on censé avoir des échafaudages, or on n'en a jamais. Et quand on en a, ils sont en très mauvais état. Les harnais ne sont jamais vérifiés..."
"Moi j'ai pas envie de mourir au travail !, lance le jeune ouvrier. Les anciens nous disent que ça fait partie du métier. Je ne suis pas d'accord, ça ne devrait plus en faire partie aujourd'hui ! " C'est pourtant l'argument avancé par la Fédération Française du Bâtiment. Ces métiers sont à risque par essence, ce qui fait du BTP l'un des secteurs les plus sinistrés. Cependant, le nombre d'accidents est en nette baisse : moins 29% sur 10 ans. Par ailleurs, le nombre de décès liés aux accidents du travail a diminué de 14% en 2016 (selon des chiffres de la CNAMTS publiés fin octobre récemment par l'Office Professionnel de Prévention du Bâtiment et des Travaux Publics).
On ne nous laisse pas le temps de travailler". — Mickaël Moreau, charpentier
Autre problème dénoncé par les manifestants, les cadences infernales pour répondre aux commandes. "On ne nous laisse pas le temps de travailler, donc forcément on court, on court et au bout d'un moment on se blesse, c'est inévitable", renchérit Mickaël Moreau, charpentier intérimaire depuis 25 ans. Chez ce dernier, l'interim est un choix, justement pour pouvoir refuser les chantiers qu'il juge trop dangereux.
Son droit de retrait, John Zapiter l'a déjà exercé aussi, pour les mêmes raisons. "Tout le monde en fait des métiers à risque, mais on peut limiter les risques!", dénonce à son tour le conducteur de grue bordelais. La solution selon lui serait de mieux former les ouvriers, notamment les intérimaires.