Amazon n'est toujours pas le bienvenu à Fournès
Amazon à Fournès (Gard), c'est non ! Réunis au sein d'ADERE (Association pour le développement de l'emploi dans le respect de l'environnement), plusieurs habitants de la commune comptent aller jusqu'au Conseil d'État s'il le faut pour que le géant américain ne puisse pas s'implanter.

Un vaste terrain de terre recouvert de souches arrachées : c'est pour l'instant tout ce qu'on voit du site sur lequel doit s'implanter le futur centre de tri de colis d'Amazon. Près de 14 hectares situés à la sortie du péage de Remoulins sur l'A9, à 200 mètres à vol d'oiseau de la commune de Fournès, sur la zone de la Pale. C'est là que la société Argan a déposé un permis de construire pour bâtir l'entrepôt qui accueillera les activités du géant américain. 400 mètres de long, 100 mètres de large, près de 20 mètres de haut. Le préfet du Gard a donné son aval pour le début des travaux. "Un arrêté pris dans un cadre légal."
"140.000 mètres carrés bétonnés"
Les opposants regroupés au sein de l'association ADERE (Association pour le développement de l'emploi dans le respect de l'environnement) s'insurgent. "Cet entrepôt, c'est une véritable verrue au milieu des vignobles, qui aura des conséquences sur l'environnement. La construction de ce bâtiment va entraîner la bétonnisation de 140.000 mètres carrés", précise Patrick Genay, apiculteur à Fournès et membre de l'association ADERE, "alors qu'au niveau de la région, il y a une charte pour justement éviter la bétonnisation de notre territoire."
Sans compter la pollution que vont générer les 500 camions qui vont circuler sept jours sur sept, 24 heures sur 24. "On est sur une pollution très importante de l'air, comme de l'eau."
Patrick Genay, membre d'ADERE
150 emplois promis
Les membres de l'association ADERE doutent également des 150 emplois promis. "Ce seront à 90% des emplois non qualifiés. Des emplois précaires confiés à des intérimaires", selon Patrick Fertil, un autre membre d'ADERE qui dénonce de manière plus globale le modèle économique que représente Amazon dans le monde. Il s'interroge aussi sur les véritables retombées financières de cette implantation pour Fournès et les communes voisines.
Patrick Fertil, membre de l'association ADERE
Une plainte au pénal
Ce qui pousse aussi les membres de l'association à se mobiliser, c'est le manque de transparence qui entoure ce dossier. Très peu de communication en amont, pas de réponses aux questions posées et des interrogations sur le fait que des élus de la commune possèdent des terrains sur la zone qui accueillera le centre de tri.
De quoi pousser un habitant, membre de l'association et d'Anticor à porter plainte pour prise illégale d’intérêt. "Cette plainte pénale est en cours d'enquête, confirme son avocate Me Alexandre Bouillard, du barreau d'Avignon. Le dossier paraît suffisamment solide et sérieux pour que le plaignant soit convoqué à plusieurs reprises par les gendarmes pour apporter des précisions."
Une dizaine de recours gracieux ont également été déposés en mairie, tout comme un recours en référé suspensif contre le permis de construire. L'association prévient : elle est décidée à aller jusqu'au Conseil d'État s'il le faut pour qu'Amazon ne pose pas le pied dans le Gard.
Me Alexandra Bouillard, du barreau d'Avignon
La maire de Fournès, que nous avons sollicitée, n'a pas donné suite.

