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Amiens : 138 licenciements chez WN, ex-Whirlpool

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Le tribunal de commerce d'Amiens a rendu sa décision ce mardi 30 juillet : il valide l'offre de reprise présentée par Ageco Ameublement, qui va garder 44 salariés. Les 138 autres seront licenciés.

Francky a entamé une formation de soudeur pour les besoins du projet WN
Francky a entamé une formation de soudeur pour les besoins du projet WN © Radio France - Claudia Calmel

La décision était attendue, et elle n'est pas surprenante après l'audience de la semaine dernière. Le tribunal de commerce d'Amiens a validé l'offre de reprise d'Ageco Ameublement, la seule jugée valable lors de l'audience vendredi. Cette entreprise de mobilier professionnel, déjà installée sur le site de Whirlpool, prévoit de reprendre 44 des 182 salariés de WN. Les 138 salariés restants vont subir un nouveau licenciement économique, un an après leur départ de Whirlpool. Aucun salarié n'était présent au tribunal. 

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Dans un communiqué, la mairie d'Amiens, la Métropole et la région Hauts-de-France "saluent la validation" de la reprise par Ageco, et annoncent également un nouveau projet pour le site de WN. L'entreprise Ynsect, qui fabrique des protéines animales à base de vers de farine, pourrait y installer certains services, en attendant la construction de l'usine de Poulainville. Une étude de faisabilité est en cours. 

La secrétaire d'État à l'économie, Agnès Pannier-Runacher, qui s'est rendue plusieurs fois sur le site de WN, estime qu'Ageco propose "un projet industriel solide, avec un potentiel d'une centaine d'emplois sur le site fin 2020 qui seront proposés en priorité aux salariés de WN". Elle assure également que les salariés licenciés "font d'ores-et-déjà l'objet d'un suivi rapproché (...) par les services de Pôle Emploi". Un comité de suivi se réunira le 16 septembre pour accompagner la reprise de WN, suivre le reclassement des salariés et assurer l'installation de nouvelles entreprises dans les locaux.

Il y a 138 personnes qui vont être sur le carreau. 138 familles qui vont être à l'abandon 

Aucun salarié n'a fait le déplacement au tribunal de commerce. Christophe Beaugrand avait 20 ans quand il est rentré chez Whirlpool, il a fait toute sa carrière dans il a fait toute sa carrière dans l'usine du quartier Montières : "je vais être honnête, je suis complètement écœuré, complètement dégoutté. Il y a 138 personnes qui vont être sur le carreau. 138 familles qui vont être à l'abandon. Ça impacte tout le monde : les enfants les conjoints, les parents, les grand-parents qui se demandent comment on va faire pour payer nos crédits. Je suis très content pour les 44 qui vont être repris mais j'ai un sentiment d’écœurement. Parce qu'on s'est fait berner pendant des années. On a travaillé chez Whirlpool pendant un an, en sachant qu'on allait être licenciés, on a fait le boulot. On nous disait "vous inquiétez pas, il y aura un repreneur". À l'entre-deux tours, Monsieur Macron est venu, il nous a dit "vous inquiétez pas, il y a un repreneur". Et au bout d'un an, on est re-licenciés. Vous vous rendez compte? Deux licenciements en un an. Moi j'ai 42 ans, mais la moyenne c'est 48 ans, vous vous rendez-compte un petit peu? Les gens sont écœurés, ils pleurent. De toute façon, les gens pleurent". 

Certains ont fait des sèches-linge avec Whirpool puis des casiers connectés avec WN, mais les 44 qui seront repris par Ageco ne vont pas découvrir un autre métier assurent leurs futurs patrons. Antoine Gérard-Shine, l'un des deux co-dirigeants fondateurs d'Ageco aménagement, détaille : "on leur fait faire des casiers réellement connectés, certains sont prêts à la la tâche, certains ont déjà un savoir faire, il va y avoir de la formation". Ni les salariés ni leur futur employeur ne savent qui seront les 44 salariés repris. Ils veulent le découvrir tous ensemble, le 19 août, jour où ils devaient rentrer de vacances pour reprendre le travail. Ils se sont déjà donnés rendez-vous devant l'usine. Tout cela sera décidé par le liquidateur, en fonction du profil des postes à pourvoir, de l’ancienneté ou des charges familiales de chacun.

Un licenciement beaucoup moins avantageux 

Mes 138 salariés qui n'auront rien seront donc licenciés. Un licenciement économique, puisque leur entreprise est liquidée de fait. Et ce sera sans doute avec bien peu par rapport à ceux qui ont décidé de partir avec Whirlpool l'an dernier. Il est clair qu'un plan social mis en place par une multinationale, négocié par des syndicats, n'a rien à voir avec la procédure de licenciement économique qu'on peut attendre avec WN. 

L'an dernier, certains salariés s'étaient vu proposer par Whirpool un budget formation entre 10 et 12 000 euros, à quoi il pouvait ajouter 10 000 euros au titre du reclassement et même un budget "création d'entreprise" de 15 000 euros. Ils ne se font pas d'illusion, WN n'a pas les moyens de leur offrir la même chose. WN leur a fourni un CDI, et ils l'ont pris parce qu'ils ont fait confiance au candidat Emmanuel Macron venu à l'entre-deux tours de la présidentielle 2017 leur assurer qu'il y aurait un repreneur. Confiance ensuite au même Emmanuel Macron - devenu président de la République - et revenu à l'automne leur vanter les mérites de ce repreneur local, Nicolas Decayeux, président du Medef de la Somme. Et c'est de là que vient aussi leur écœurement. Ils ont donc fait confiance, ils ont pris ce CDI. Il n'aura duré qu'un an. Et depuis, ils n'ont pas revu le chef de l'Etat.

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