Après 22 mois de lutte, la victoire des femmes de chambre de l'hôtel Ibis des Batignolles à Paris
Les femmes de chambre de l'hôtel Ibis des Batignolles à Paris, gagnent leur combat. Après 22 mois de lutte et huit mois de grève, les 20 salariés ont signé un accord, ce mardi, avec leur employeur, sous-traitant du groupe Accor, l'entreprise STN. Elles se battaient pour leurs conditions de travail.
22 mois dont 8 de grève ! Quasiment deux ans qu'elles réclamaient de meilleures conditions de travail. Les 20 femmes de chambre de l'hôtel Ibis des Batignolles à Paris (XVIIe arrondissement) ont signé un accord avec leur employeur ce mardi matin. Un accord qui leur accorde tout ce qu'elles réclamaient. Et même plus.
Le rendez-vous était fixé à 9h, à l'hôtel. Les grévistes, leur employeur et un inspecteur du travail médiateur devaient se réunir pour signer l'accord. Mais, mauvais démarrage, les deux représentants de STN, l'entreprise sous-traitante du groupe Accor et employeur des femmes de chambre, ont fait faux bond, en dernière minute. Malades du Covid-19, ils n'ont pas pu se présenter à l'heure. Finalement, c'est à distance qu'ils signeront l'accord de 10 pages, accordant tout ce qu'elles réclamaient aux 20 grévistes, placées en chômage partielle lors du premier confinement.
De juillet 2019 à mars 2020
Elles obtiennent de meilleures conditions de travail en premier lieu. La baisse des cadences imposées aux femmes de chambre et à leurs gouvernantes qui pouvaient contrôler jusqu'à 100 chambres par jour. Des augmentations de salaires également. De 250 à 500 euros par mois. Un panier repas de 7€30 par jour, deux tenues fournies et entretenues par l'entreprise, la prise en compte du temps d'habillage dans leur journée de travail aussi. Des petits détails diront certains mais qui font "une très grande victoire" se félicite Rachel Keke Raïssa à la sortie de la réunion. "Ca valait le coup, ça a payé, ils ont payé ! Les mots me manquent", se réjouit la gouvernante, porte-parole de ses collègues.
Il faut dire que les 20 salariés ont dit stop à leurs conditions de travail en juillet 2019. Dénonçant des cadences infernales avec 40 ou 50 chambres nettoyées par jour. Jusqu'à 100 chambres contrôlées par les gouvernantes. Des heures supplémentaires jamais payées et des salaires de misère. "Le métier de femme de chambre est très difficile. Gagner 800, 900€, ce n'est pas évident. On ne joint pas les deux mois du mois", résume Sylvie Kimissa, l'une des grévistes et porte-parole du groupe. Depuis le début du mouvement "on a sacrifié nos foyers, nos enfants, nos maris ont eu du mal à comprendre, mais notre détermination nous a mené à la victoire ! Aujourd'hui on a gagné notre dignité !"
A toutes les autres je dis : on est dans un pays de droit ! Dénoncez les choses !
Désormais ambassadrices de leur profession, les femmes de chambre de l'hôtel Ibis des Batignolles appellent les autres femmes de ménage exploitées à se lever. "Il faut que ça serve d'exemple, il faut que la lutte paye, en finir avec l'esclavagisme, avec la sous-traitance dans les hôtels, dans les restaurants, dans le bâtiment", explique encore Rachel Keke Raïssa. "On ne mérite pas de telles maltraitance. Il faut qu'elles trouvent le courage de suivre notre exemple, de sortir et de dénoncer."
Pour les aider, les CGT Hôtels de prestige et économiques, aux côtés des femmes de chambre des Batignolles dans leur combat, promet de garder l'œil ouvert et de lancer - si nécessaire - des alertes sociales dans d'autres établissements.