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Calais : Eurotunnel et ses salariés réclament un duty free

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Les syndicats et la direction de Getlink (ex-Eurotunnel) réclament au gouvernement l'autorisation d'ouvrir un duty free côté français. Ils dénoncent une concurrence déloyale par rapport aux ports, notamment de Calais, qui eux ont bien eu le droit, suite au Brexit, d'ouvrir un duty free.

Contrairement aux ports et aux aéroports, Eurotunnel n'a pas reçu l'autorisation d'ouvrir un dutyfree côté français Contrairement aux ports et aux aéroports, Eurotunnel n'a pas reçu l'autorisation d'ouvrir un dutyfree côté français
Contrairement aux ports et aux aéroports, Eurotunnel n'a pas reçu l'autorisation d'ouvrir un dutyfree côté français © Maxppp - Philippe Turpin

"**C'est de la concurrence déloyale !" dénonce Stéphane Sauvage, le secrétaire général de Force Ouvrière à Eurotunnel. Getlink, anciennement Eurotunnel, qui exploite le tunnel sous la Manche, n'a pas reçu l'autorisation du gouvernement d'ouvrir un duty free côté français, la faute à une directive européenne qui indique autoriser les duty free pour les ports et les aéroports, mais qui ne mentionne pas les gares. _"Le duty free, ça représente une forte attractivité pour les clients. S'ils ont le choix entre les bateaux ou le tunnel, ils choisiront le bateau__. Et forcément, s'il y a moins de recettes dans les caisses, le risque sera grand sur les emplois._ On a déjà subi beaucoup de pertes avec le Covid et le Brexit". 

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Force Ouvrière, majoritaire chez Eurotunnel, et la CGT demandent donc d'urgence cette autorisation. Ils ont d'ailleurs reçu ce mercredi la visite du président des Hauts-de-France Xavier Bertrand et de la maire de Calais Natacha Bouchart, venus leur apporter leur soutien et relayer leur demande auprès du gouvernement. Ces derniers, avec d'autres élus locaux, vont envoyer un courrier au gouvernement dans les prochains jours. 

Et la direction de Getlink demande de son côté exactement la même chose au gouvernement. Elle a déjà envoyé elle plusieurs courriers à Olivier Dussopt, ministre délégué chargé des comptes publics mais sans obtenir gain de cause pour le moment. 

Il y a désormais urgence, soulignent chacun de leur côté les syndicats et la direction. La saison estivale va reprendre à partir du 17 mai, date à partir de laquelle les citoyens britanniques pourront de nouveau plus facilement voyager en France. Pas question de rater le coche alors que Getlink vient de vivre des mois très difficiles en raison de la crise sanitaire et du Brexit. Un chiffre pour s'en convaincre : au premier trimestre 2021, le trafic passager a reculé de 72%.

L'incroyable attractivité du duty free sur les voyageurs

Pour comprendre l'enjeu et l'attractivité que représente le duty free, il faut remonter à 1999, dernière année d'ouverture du duty free. Le site d'Eurotunnel disposait alors d'un duty free qui rapportait entre 50 et 100 millions de chiffre d'affaires par an. Selon les estimations de Getlink, sur les 3 millions de véhicules de tourisme qui empruntaient le shuttle chaque année, un tiers venait spécifiquement pour le duty free. Les "daytrips", les voyageurs qui faisaient l'aller-retour sur la journée étaient très nombreux. 

Sans cette autorisation d'ouvrir un duty free côté français - alors que les britanniques eux en ont bien ouvert un côté anglais - les syndicats redoutent une baisse conséquente du chiffre d'affaire du groupe et à terme, de la casse sociale. "Et la variable d'ajustement, ce seront les salariés", selon Philippe Vanderbec, secrétaire général de la CGT Eurotunnel.

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3 Questions à Yann Leriche, le directeur général de Getlink

Pourquoi cette différence de traitement entre le Tunnel sous la Manche et les ports comme celui de Calais ? 

Yann Leriche :   C'est une décision du gouvernement français. L'Etat français se cache derrière un texte européen qui n'interdit rien mais qui n'autorise rien non plus. (...) Cette décision, on la demande depuis dix-huit mois, on ne l'a toujours pas et donc, on est dans un système totalement bureaucratique.** Cette absence est absolument sidérante. Aujourd'hui, le gouvernement préfère éviter une hypothétique remarque de l'Europe plutôt que de défendre notre entreprise, nos emplois et notre économie locale.

Quelles conséquences pour Getlink ? 

 Dans les années 90, il y avait un million de touristes qui venaient dans la région, juste pour bénéficier du duty-free. C'est ça l'enjeu aujourd'hui. On parle d'un montant de 50 à 100 millions d'euros par an pour notre entreprise. Et cela n'inclut pas les retombées locales. On a souffert du covid, on souffre du Brexit et on ne veut pas que la France nous applique la triple peine en nous refusant le duty-free.

Y a t-il un risque pour l'emploi ? 

Aujourd'hui, on veut absolument éviter les licenciements. On est dans un mode combat. L'objectif, c'est d'avoir le duty-free, c'est de rebondir et d'être traité comme les autres. Je suis positif sur le long terme. Je suis sûr que nous aurons le duty-free mais nous ne le voulons pas dans 5 ans. Nous voulons réussir la saison de l'été et le reste de l'année.  

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