Centrale nucléaire de Penly : un nouveau bâtiment pour éviter l'erreur humaine
La centrale nucléaire de Penly, près de Dieppe, veut améliorer un peu plus sa sécurité. Un nouveau bâtiment inauguré ce jeudi permet de répéter les gestes avant de les réaliser en vrai, pour une meilleure fiabilité.

Il y a un mois, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) tirait le signal d'alarme, craignant pour la sécurité des installations nucléaires françaises, compte tenu des difficultés financières chez EDF et Areva. Le groupe EDF veut donc montrer qu'il investit, notamment à Penly en Seine-Maritime. D'où cet espace inauguré ce jeudi sur le site, dédié à 100% aux formations, avec le même matériel que celui utilisé dans la zone de production. Objectif : s'entraîner et répéter les bons gestes avant de les appliquer près des réacteurs. Les 800 agents qui travaillent sur le site n'ont bien sûr pas le droit à l'erreur...
"Du matériel potentiellement stressant"

"Franchissement interdit", "danger d'irradiation", "risque biologique". Avec tous ces panneaux, on s'y croirait, et c'est bien le but. Vannes, tuyaux, circuits de refroidissement, jusqu'aux combinaisons gonflables de protection, tout y passe. Olivier, technicien, nous montre la machine derrière lui, "un convertisseur pression" : "Du matériel qui peut être potentiellement stressant, ce sont des systèmes de sauvegarde, donc on est vraiment là pour travailler dessus calmement, comme ça lorsqu'on arrive sur des activités à risque on est serein."

"Eviter les actions inappropriées lors des interventions"
Nicolas, un apprenti en BTS, profite déjà de ce bâtiment école : "On n'a aucune conséquence sur ce qu'on fait, on peut entre guillemets 'se lâcher', mais on reste concentré de la même façon." De la concentration, il en faut un peu plus loin sur une réplique modèle réduit des armoires électriques géantes de la centrale. Mettre des câbles dans des trous ça paraît simple, mais pour trouver la bonne combinaison, mieux vaut bien s'entraîner. "Pour éviter les actions inappropriées lors des interventions", glisse un salarié. Une erreur, et l'alarme résonne déjà...
Ca permettra de faire de la formation à la carte (...). Si c'est une intervention rare ou si les salariés veulent vérifier des points particuliers."

Chimistes, mécaniciens, électriciens : tous pourront se faire la main, se félicite le directeur de la centrale, Laurent Lacroix. "Ca permettra de faire de la formation à la carte, les personnels pour lesquels on aura identifié un besoin soit de formation parce qu'ils ne sont jamais intervenus sur ce type de matériel, soit parce qu'ils l'ont fait il y a longtemps. Si c'est une intervention rare ou s'ils veulent vérifier des points particuliers."
Ajouter une "couche" supplémentaire de sécurité, c'est le mot choisi par Laurent Lacroix. EDF mise même sur la réalité virtuelle : se faire la main avec un masque sur le visage, immergé dans un logiciel en 3D. Et dans le pire des scénarios, savoir réagir.
Ce bâtiment école est le dixième du genre en France. A terme, EDF veut déployer ce dispositif dans chacune de ses 19 centrales nucléaires. La centrale de Penly a été mise en service en 1990.
REPORTAGE FRANCE BLEU NORMANDIE/CLEMENT LACATON