Coronavirus, Calvados : les premières dérogations accordées pour la tenue des marchés
Lundi soir Edouard Philippe a prononcé l’interdiction, sauf dérogation, des marchés en plein air. La Préfecture du Calvados a accordé de premières autorisations, avec de strictes conditions. Honfleur a été ce mercredi l'une des premières villes à en bénéficier.
Sauf dérogation locale, il n’y aura plus de marché en plein air jusqu’à la fin de la crise provoquée par le coronavirus. Une mesure difficile à admettre pour des commerçants qui estimaient s’être, très majoritairement, adaptés aux nouvelles règles sanitaires. Plusieurs villes du Calvados ont demandé des dérogations. La Préfecture a répondu favorablement à certaines requêtes.
Forte mobilisation des maires de communes du littoral
“Honfleur, Deauville, Trouville, Villers-sur-Mer ont obtenu une dérogation. On attend encore pour Cabourg et Ouistreham”. Nelly Delamarre, présidente de “Marchés de France” pour le Calvados énumère la première liste des marchés autorisés à poursuivre leur activité. Deux marchés se sont d’ailleurs tenus ce mercredi matin à Honfleur, le bio en centre-ville et celui du Plateau, quartier où vivent 3 000 personnes. “Tout s’est bien passé. La police municipale était présente pour réguler la fréquentation à cent personnes commerçants inclus” précise Michel Lamarre, le maire de la cité.
D’autres noms de villes devraient s’ajouter au fil des heures. “Il y a une belle mobilisation des maires” souligne Nelly Delamarre. Mais de solides garanties sont réclamées pour obtenir ces dérogations. Il faudra maintenir les distances de sécurité (cinq mètres avec chaque stand, un mètre entre chaque client, jauge limitée à cent personnes…) mais aussi “instaurer des sens de circulations, pour éviter que les gens se croisent” explique la référente départementale.
“Je m’interroge sur la comparaison sanitaire avec les supermarchés”
Lundi soir l’annonce de la fermeture des marchés a porté un coup dur pour tous les producteurs de fruits, légumes ou divers produits frais. “Les marchés représentant 60 à 70 % de nos ventes” soupire Guillaume Vautier, qui fait du fromage de chèvre à la Bergerie de la Souleuvre.
Les marchés avaient été maintenus mais limités aux produits alimentaires. “La clientèle était bien au rendez-vous. Il y avait même plus de monde que d’habitude” observe Antoine Desvages, maraîcher près de Saint-Lô. Comme d’autres professionnels, il comprend mal l'intérêt sanitaire de la mesure. “Nous avons fait très attention aux nouvelles mesures de sécurité”. Cette fermeture des marchés pourrait diriger une partie de la clientèle vers les supermarchés. Là où les fruits et légumes sont touchés par beaucoup de monde. “Je m’interroge vraiment, d’un point de vue purement sanitaire, sur l’intérêt de privilégier le libre-service pour les fruits et légumes. Au lieu de faire confiance aux commerçants qui sont seuls à les manipuler sur leurs étals” critique Jean-Yves Leroy, dirigeants des entreprises Normandie Fruit et Atout Prim, installés sur la Presqu'Île de Caen.
Des producteurs cherchent des solutions alternatives
Depuis l’intervention d’Edouard Philippe et sans attendre les éventuelles dérogations, des producteurs cherchent aussi à s’organiser de leur côté. “On discute déjà avec d’autres collègues pour essayer de trouver un moyen de livrer nos clients” précise Guillaume Vautier, le producteur de fromage de chèvre dans le bocage virois. “On aimerait installer dans le secteur un lieu où les clients viendraient retirer leurs commandes. Une sorte de point relais”. Initiative à discuter avec Mairie(s) et Préfecture. Pour définir un cadre légal et surtout des conditions sanitaires. Mais les producteurs ne veulent pas attendre la fin de la crise en croisant les bras.