Coronavirus : la justice restreint l'activité d'Amazon en attendant une évaluation des risques
La justice ordonne à Amazon France de restreindre son activité aux seuls produits essentiels et estime que la société a "de façon évidente méconnu son obligation de sécurité et de prévention de la santé des salariés".
Le tribunal judiciaire de Nanterre ordonne ce mardi à Amazon France de restreindre son activité aux seuls produits essentiels en attendant les résultats d'une évaluation des risques inhérents à l'épidémie de coronavirus, selon le jugement obtenu par l'AFP. Cette évaluation des risques devra être établie sur ses différents entrepôts en France, dont celui de Montélimar, dans la Drôme.
Dans son jugement, le tribunal estime qu'Amazon France la société a "de façon évidente méconnu son obligation de sécurité et de prévention de la santé des salariés". Il lui ordonne alors de restreindre son activité "aux seules activités de réception des marchandises, de préparation et d'expédition des commandes de produits alimentaires, d'hygiène et médicaux, sous astreinte d'un million d'euros par jour de retard et par infraction constatée".
Cette restriction s'applique "dans les 24 heures" et pour un mois et Amazon devra obligatoirement associer les représentants du personnel à l'évaluation des risques. Le tribunal était saisi par SUD (Union syndicale Solidaires), premier syndicat dans l'entreprise, et condamne en outre Amazon a verser des dommages à SUD à hauteur de 4.800 euros. Le syndicat salue sur Twitter une "première victoire" :
Dans un communiqué, Amazon fait part de son "désaccord avec la décision rendue aujourd’hui par le tribunal judiciaire de Nanterre" et explique que l'évaluation des implications pour les sites français est en cours. L'entreprise a fait appel mais la décision étant de droit exécutoire, cet appel n'est pas suspensif.
"Rien n’est plus important que la sécurité de nos collaborateurs", écrit Amazon France, qui détaille certaines des mesures sanitaires mises en place depuis le début de l'épidémie : "Nous avons distribué sur nos sites plus de 127 000 paquets de lingettes désinfectantes, plus de 27 000 litres de gel hydroalcoolique, ainsi que plus de 1,5 million de masques".
Un débrayage à Montélimar au début du confinement
À Montélimar, les salariés de l'entrepôt d'Amazon avaient débrayé dès le premier jour de confinement, le 17 mars, pour dénoncer leurs conditions de travail et demander la fermeture du dépôt. Un représentant syndical expliquait alors que le dépôt drômois expédiait "des DVD, des livres, des ordinateurs ou des chaussures". Il estime que les produits essentiels ne représentent que 5% environ de la marchandise expédiée depuis Montélimar.