Covid-19 : "la demande de main-d'oeuvre frontalière a chuté de 50%", selon Daniel Jakubzak
Selon Daniel Jakubzak, président du Club Affaires, la demande des agences d'intérim a chuté de moitié à la frontière avec la Suisse du fait de la pandémie. Les sous-traitants du secteur de l'horlogerie sont particulièrement impactés.
"J'ai interrogé des agences d'intérim pas plus tard que vendredi matin, elles sont dans une situation de chute de 50% de la demande", a déclaré ce matin sur France Bleu Belfort Montbéliard Daniel Jakubzak, président du Club Affaires, une association qui a pour but de promouvoir les relations entre d’un côté les chefs d’entreprises de Franche-Comté, de Bourgogne ou d'Alsace, et de l’autre ceux de Suisse et d’Allemagne.
Dans le secteur de l'horlogerie, on parle d'une baisse des ventes d'environ 30%, ce qui se répercute d'autant sur la main d'oeuvre frontalière, principalement chez les sous-traitants.
"Dans le Canton du Jura, qui est très marqué par l'horlogerie, vous avez de grands groupes, comme Tagheuer ou Rollex, qui ont un certain nombre de sous-traitants qui marchent très bien, voire qui ont une très forte progression, tandis que toutes les marques standard pâtissent de ce coronavirus et ont des chutes de commandes, ce qui fait qu'elles réduisent leur voilure en terme d'embauches et les premières personnes concernées ce sont les transfrontaliers", a-t-il précisé.
Manque total de visibilité
"Selon une étude réalisée en décembre par la Chambre de commerce, qui est un indicateur conjoncturel, il y a un manque total de visibilité pour les mois à venir", poursuit Daniel Jakubzak. "45% des entreprises qualifient la marche actuelle des affaires de mauvaise ou médiocre, c'est sans doute du jamais vu dans l'histoire de cette enquête".
"On est dans une situation sans précédent, nos entreprises francs-comtoises qui avaient pour habitude de travailler avec des entreprises du Canton du Jura, voire du Canton de Bâle, sont freinées, du fait de cette pandémie".
De nombreux salons annulés en Suisse
"Baselwolrd (le salon mondial de l'horlogerie et de la bijouterie qui se déroule à Bâle chaque année ndlr) n'aura pas lieu cette année en 2021, on peut même se poser la question pour 2022, et les grands groupes suisses comme Swatch et Rolex ont préféré réaliser des salons en interne dans leurs établissements, pour faire venir leurs propres clients et leur présenter les futurs produits des nouvelles gammes 2021".
Il faut que les entreprises francs-comtoises investissent dans le digital
En France, "nous avons un retard dans le domaine du digital". "Tous les organismes, comme les chambres de métiers, de commerce, les syndicats de patronats, la CPME... ont énormément agi en mettant en place toute une série de formations en ligne, mais ce n'est pas suffisant; c'est une nécessité aujourd'hui que de se mettre sur les réseaux sociaux et d'investir dans le digital".
Il a notamment rappelé que chez nos voisins, "9 Suisses sur 10 utilisent les réseaux sociaux". "Ce n'est pas la peine de se déplacer dans une agence d'intérim suisse, elle ne vous recevra plus : elle vous demandera de lui adresser un CV en digital, voire une vidéo, et elle l'adressera ensuite à ses clients".
"Les Suisses sont très au fait de ce qui se passe à l'échelon européen, ce sont les premiers à vous donner les informations sur ce qui se passe au niveau Européen, donc les premiers à réagir, ce sont bien eux; les Suisses ont une facilité à se relancer qui est considérable".