De jeunes majeurs sans-papiers occupent une église à Grenoble
Depuis une semaine, une vingtaine de jeunes majeurs sans-papiers occupe l'église Saint-Paul à Grenoble. Pour la plupart, ils suivent des cours la journée et dorment dehors la nuit, car depuis le jour de leur 18 ans ils ne reçoivent plus l'aide du Département de l'Isère.
Ils souhaitent terminer leurs formations et demandent au département de l'Isère un "contrat jeune majeur" : une vingtaine de jeunes majeurs sans papiers occupent la salle paroissiale de l'église Saint-Paul à Grenoble depuis une semaine.
Une action choc, initiée par l'association Droit Au Logement (DAL) et soutenue par une bonne vingtaine d'autres associations comme La Ligue des Droits de l'Homme, Médecins Sans Frontières ou Migrants en Isère, certains syndicats et des partis politiques (EELV et France Insoumise notamment).
D'habitude ces jeunes suivent, pour la plupart, des cours la journée et dorment dans la rue la nuit. Certains sont en internat, mais à chaque période de vacances scolaires la même question se pose : où dormir ?
Ces jeunes tout juste majeurs viennent du Mali, de Côte d'Ivoire et de Guinée-Conakry. Ils préfèrent garder l'anonymat. "Cette année je devrais finir mon CAP" explique l'un d'eux. "Je vais aller à l'école mais mes profs me demandent ce qu'il y a... De plus en plus, tout ceux qui ont une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français), ils ont déjà leur contrat, un patron et la Préfecture refuse de renouveler leurs cartes." "On est pas là pour occuper la paroisse" explique un autre jeune. "C'est pour se faire entendre, car ça fait longtemps qu'on dort dans la rue. On veut du temps, pour le Département réfléchisse et nous donne _un toit pour tous_, pour qu'on puisse continuer nos formations."
"A partir du moment où l'Etat français délivre une OQTF, je ne vois pas comment on peut considérer qu'on va lui accorder des droits pour lui permettre de s'insérer" - Sandrine Martin-Grand, vice-présidente du département
Alors le diocèse de Grenoble leur a donné deux semaines, soit le temps des vacances scolaires, pour trouver une autre solution. Le 9 mars, ils seront à nouveau dans la rue si la situation n'évolue pas. Ces jeunes sont arrivés à Grenoble en étant mineurs et ont été aidés par le Département de l'Isère, qui a financé leurs logements et des formations, mais depuis le jour de leur 18 ans, ils ne bénéficient plus de l'aide sociale à l'enfance et ne reçoivent donc plus aucune aide.
Alors n'est-ce pas détruire le travail accompli jusqu'à maintenant ? "Je suis d'accord" répond Sandrine Martin-Grand, vice-présidente du département en charge de l'enfance, la famille et la santé. "Mais à partir du moment où l'Etat français refuse le titre de séjour et délivre une OQTF, je ne vois pas comment on peut considérer qu'on va lui accorder des droits pour lui permettre de s'insérer. Aujourd'hui nous sommes en train de travailler avec les services de l'Etat pour voir comment, lorsqu'on engage un jeune dans une formation, on puisse s'assurer qu'à minima il aura un titre de séjour lui permettant d'aller au bout de sa formation."
En Isère en 2019, 76% des mineurs sans-papiers ont bénéficié à leur majorité d'un contrat "jeune majeur"
Alors jeudi, lors d'une conférence de presse organisée au sein de cette salle paroissiale, les associations et les jeunes demandaient unanimement au Département de l'Isère de signer à ces jeunes des contrats "jeune majeur", leur permettant d'être aidés jusqu'à 21 ans.
Selon le Département de l'Isère, ces contrats se font au cas par cas. Selon sa vice-présidente, en 2019, 563 jeunes qui étaient dans le dispositif de protection de l'enfance sont arrivés à majorité. Sur ces 563 jeunes, 367 sont d'anciens mineurs non accompagnés (sans-papiers) et parmi eux 76% ont bénéficié d'un contrat jeune majeur.