DÉCRYPTAGE - En quoi consiste la modulation de la fiscalité sur les carburants proposée par Emmanuel Macron ?
Confronté à la grogne des "gilets jaunes" mobilisés depuis le 17 novembre, Emmanuel Macron s'est exprimé ce mardi depuis l'Elysée. Sans renoncer à sa stratégie sur l'environnement, le président a notamment proposé que la fiscalité des carburants soit adaptée aux fluctuations des prix du marché.
Emmanuel Macron a de nouveau affirmé ce mardi qu'il ne reviendrait pas sur la hausse des taxes sur le prix des carburants.
Toutefois, le président de la République a annoncé qu'il souhaitait que la fiscalité des carburants soit adaptée aux fluctuations des prix du marché du pétrole. Une mesure qui rappelle la TIPP flottante (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques), un dispositif coûteux créé sous le gouvernement de Lionel Jospin en 2000. À quoi faut-il s'attendre ? France Bleu fait le point.
Une évaluation trimestrielle
Dans le dispositif imaginé par le chef de l'État, l'augmentation de la taxe sur le prix des carburants pourrait être suspendue ou réduite en cas "d'envolée des cours mondiaux".
Concrètement, au 1er janvier 2019, une nouvelle hausse de 3 centimes des taxes sur l'essence et de 6 centimes sur le diesel est prévue. Si, par exemple en mars 2019, les prix du pétrole sont à la hausse, le gouvernement pourrait décider d'annuler cette augmentation et ou de la réduire à 1 centime pour l'essence et 2 centimes pour le diesel, de manière temporaire. Cela ne s'appliquerait pas aux augmentations fiscales décidées l'année précédente a précisé Matignon à l'AFP mardi après-midi.
Emmanuel Macron propose des rendez-vous trimestriels pour faire le point sur l'évolution des cours.
Les associations écologistes et de consommateurs dubitatives
Le mécanisme proposé par le président de la République instaurerait donc une augmentation linéaire des taxes, tandis que la TIPP flottante tendait à garantir une stabilité des recettes fiscales liées aux carburants.
Jugée peu efficace et coûteuse par la Cour des comptes, la TIPP flottante avait finalement été abandonnée en 2002.
La Fondation pour la nature et l'homme (FNH) y reste "fermement opposée". "Maintenir une trajectoire ferme sur la fiscalité écologique était essentiel, on a déjà testé la taxe flottante [...] et ça n'a pas fonctionné", a réagi Célia Gautier, responsable climat-énergie auprès de l'AFP.
Un avis partagé par les associations de consommateurs interrogées par l'AFP : il s'agit d'une "solution de court terme face à la hausse généralisée des prix de l'énergie", a répondu l'UFC-Que Choisir tandis que la CLCV parle d'une "annonce intéressante mais encore floue".
Quant aux "gilets jaunes", nombreux sont ceux qui jugent cette proposition insuffisante pour limiter la baisse de leur pouvoir d'achat.