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"Destination Amnéville" : licenciées, après 20 ans d'ancienneté, à cause de la crise sanitaire
Les premiers licenciements se profilent à Amnéville, depuis le début de la crise de la Covid-19. La SPL Destination Amnéville, qui gère l'office de tourisme, se sépare d'un tiers de son effectif : 2 salariées sur les 6 que compte l'organisme, sont en cours de licenciement pour raison économique.

Emmanuelle, 48 ans, était conseillère séjours et chargée des locations à l'office du tourisme d'Amnéville : elle affiche 22 ans d'ancienneté. Nadège, 45 ans, comptable, était embauchée depuis 19 ans. En août dernier... le coup de massue. "On a été convoquées, comme ça, pour nous proposer une rupture conventionnelle, de but en blanc, témoigne Emmanuelle. Alors qu'on n'a jamais rien demandé. La seule chose qu'on demandait, c'était de travailler. On était justement tellement contentes d'avoir repris !". L'activité, sur le pôle touristique d'Amnéville, a en effet été stoppée net par le coronavirus pendant plus de trois mois.
Rupture conventionnelle, puis licenciement
Emmanuelle et Nadège ne donnent pas suite à cette proposition. Sous le choc, elles tombent en arrêt maladie. Mais quelques semaines plus tard, la situation empire. "On a été convoquées à un premier entretien, puis un second, mais nous étions en maladie. Finalement, nous avons reçu à la maison un courrier avec accusé de réception, comme quoi nous avions 21 jours pour remplir les documents et être licenciées".
"Je ne m'y attendais pas du tout, renchérit Nadège. Je ne pensais pas un jour être licenciée comme ça, à cause du Covid. Je suis écoeurée et en colère". Les deux femmes estiment aussi leur travail irréprochable. "Jamais en retard, toujours présentes. Jamais d'avertissement, jamais de blâme. Au contraire, on travaillait plus que les horaires, le soir... Samedis, dimanches, jours fériés, c'était comme des jours de semaine".
Nadège et Emmanuelle contestent le motif économique de leur licenciement. "Chez nous, ça reprenait, à l'accueil : on faisait des ventes, on avait de bonnes journées, les clients étaient de retour, super contents de nous revoir." Elles comprennent d'autant moins que l'Etat a mis en place de nombreuses aides pour le secteur du tourisme. Le chômage partiel, notamment, a été reconduit jusqu'au 31 décembre. Depuis le début de cette procédure, "on ne nous l'a jamais proposé". Les deux collègues ne comprennent pas non plus pourquoi leurs appels à la mairie restent sans réponse.
La SPL Destination Amnéville, par la voix de sa directrice financière, réaffirme que les difficultés économiques liées à la crise sanitaire l'obligent à se séparer de personnel. Le directeur de la structure, Hervé Melchior, a ensuite publié un communiqué de presse pour expliquer ce choix.
Pas d'indemnités journalières de la Sécu
Autre problème, la société qui gère les payes d'Emmanuelle et Nadège n'a pas transmis le dossier complet de leur arrêt maladie à la Sécu, elles n'ont donc pas eu d'indemnités journalières, pour compenser leur perte de salaire, en septembre. Mais la SPL affirme que leur situation est en cours de régularisation.
Emmanuelle et Nadège, elles, saisiront les prud'hommes et l'inspection du travail dès que leur licenciement sera prononcé.
Et au Pôle thermal ?
Selon Xavier Dieudonné, l'opposant au maire d'Amnéville, la situation de ces deux femmes n'est qu'un avant-goût de ce qui attend les 2.500 salariés de la Cité des Loisirs. Il faut s'attendre, selon lui, à d'autres licenciements, notamment au Pôle Thermal.
"J'ai peur pour les employés du Pôle thermal, pour la centaine de familles qui va se retrouver, comme Nadège et Emmanuelle, sans rien du jour au lendemain. C'est un drame humain et financier important, et malheureusement Eric Munier met une crise dans la crise. Un élu doit être là pour sa population, pour les personnes qui ont voté pour lui, et pour tous les Amnévillois et Malancourtois".
Ca licencie à tour de bras, je ne peux pas l'accepter - Xavier Dieudonné, élu d'opposition à Amnéville
Le maire d'Amnéville, et président de la SPL Destination Amnéville, Eric Munier, lui, botte en touche. "L'employeur des salariés du Pôle thermal, c'est l'Association du Pôle thermal. C'est donc elle qui décide quels sont les emplois qu'elle maintient et quels sont ceux qu'elle supprime. Moi, ma volonté, c'est toujours de maintenir le maximum d'emplois. Après, je peux comprendre que quand vous devez faire face à des contraintes économiques, que vous ne pouvez pas équilibrer vos comptes entre les rentrées d'argent et les sorties indispensables, certaines mesures soient évoquées ou envisagées. Mais de mon point de vue, c'est l'emploi qui est primordial".
S'il y a des licenciements au Pôle thermal, je ne peux que le déplorer - Eric Munier, maire d'Amnéville
Un nouveau conseil d'administration de l'Association du Pôle thermal d'Amnéville doit désigner ce mercredi un successeur à Anne Bello. Elle a démissionné de son poste de présidente, il y a quelques semaines, car justement en désaccord sur les suppressions de postes que la SPL lui aurait demandées.