Dijon : Hervé, un artisan cordonnier n'arrive pas à trouver de repreneur
Hervé Sauvageot devrait être en retraite depuis quelques années mais cet artisan cordonnier ne parvient pas à trouver celui ou celle qui reprendra sa boutique près de la place de la Libération à Dijon. L'argent n'est pas le plus important. Lui, veut avant tout transmettre un savoir-faire.

Hervé Sauvageot, est un cordonnier de 65 ans, installé depuis 1990 au 4 rue Jules-Mercier, petite ruelle à l’écart de la rue de la liberté à Dijon. Un artisan censé être en retraite depuis deux ou trois ans et qui ne trouve pas de repreneur pour sa boutique. Son affaire est rentable, la clientèle est au rendez-vous mais les annonces déposées il y a six mois à la chambre des métiers, dans un journal spécialisé et même chez les Compagnons du Devoir n'ont rien donné... A peine deux personnes se sont manifestées mais les contacts ne sont jamais allés plus loin.
Deux contacts en six mois et une affaire qui a capoté
Hervé a même formé durant trois ans un apprenti. Un jeune qui devait reprendre sa boutique mais qui l'a "planté" au moment où il devait signer chez le notaire au mois de mars dernier. Il faut dire qu'Hervé Sauvageot est exigeant et que son but n'est pas de vendre pour vendre. "Le soucis n'est pas l'argent. J'étais prêt à vendre ma boutique au prix où je l'ai acheté il y a 30 ans. Je n'allais pas faire beaucoup de plus-value" explique l'artisan.

Hervé Sauvageot
Transmettre un "savoir-faire"
L'important pour Hervé Sauvageot est de transmettre son "savoir-faire" et cette échoppe présente à Dijon depuis des décennies. "C'est une cordonnerie qui est là depuis avant la guerre. Monsieur Mancini (son prédécesseur ndlr.) l'a reprise en 1948, il a travaillé jusqu'en 1990. Moi j'y suis depuis 1990 jusqu'à aujourd'hui. Et je ne manque jamais de travail" assène t-il. "A c'est sûr il faut en faire des heures" dit-il fièrement.
Il continuera le temps qu'il faudra pour assurer une bonne reprise
Hervé est même prêt à continuer son activité le temps qu'il faudra si un repreneur se manifeste, une sorte de tuilage, le temps qu'il soit capable de voler de ses propres ailes. "S'il y en a un qui vient je vais l'aider 6-8 mois, même un an s'il le faut".

Un métier qui a encore de l'avenir selon la Chambre des métiers
La Chambre des métiers de la Côte-d'Or s'est engagée aux côtés de l'ADEME à promouvoir les métiers de la réparation. C'est pourquoi elle a commis un annuaire en ligne afin d'aider le grand public à trouver un réparateur pour les objets -dont les chaussures- qui peuvent être réparés au lieu d'être jetés.
36 artisans cordonniers en Côte-d'Or
A l'intérieur de cet annuaire sont recensés 36 artisans cordonniers en Côte-d'Or. Une filière où il y a du travail. C'est ce qu'explique Lucie Prasalek de la Chambre des métiers de la Côte-d'Or. "On se rend compte qu'il y a un regain d'intérêt en ce moment pour tous ces métiers là. Les gens avec l'évolution de la société, se reposent de plus en plus la question de faire réparer un objet avant de le changer. Pour moi cordonnier est un métier qui a encore de l'avenir."
Lucie Prasalek
Hervé Sauvageot est ouvert du mardi au vendredi. Pas besoin de chercher son numéro dans l'annuaire il n'a pas le téléphone! "Je n'en ai pas besoin" dit-il "j'ai déjà trop de boulot".
