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ENTRETIEN - Après la fermeture de la SAM, Bruno Le Maire promet "une solution pour chaque salarié"
En déplacement à Toulouse ce samedi, le ministre de l'Économie et des Finances promet que l'État n'abandonnera pas les salariés de la SAM, fonderie aveyronnaise liquidée par le tribunal de commerce vendredi. Bruno Le Maire reconnaît "un échec" et appelle Renault à prendre ses responsabilités.

Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie et des Finances, est en déplacement à Toulouse ce samedi. Au lendemain de la liquidation judicaire de la SAM , la fonderie aveyronnaise sous-traitant de Renault, le ministre reconnaît un "échec pour nous tous"; 346 salariés vont perdre leur emploi, pour certains l'emploi d'une vie. Bruno Le Maire promet que l'État les accompagnera et demande à Renault de prendre ses responsabilités.
Le tribunal de commerce de Toulouse a décidé ce vendredi la cessation d'activité de la SAM. C'est un coup de massue pour les salariés qui espéraient travailler au moins jusqu'au 10 décembre. L'État peut faire appel de cette décision. Allez-vous le faire Bruno Le Maire ?
D'abord, je veux dire que cette décision du tribunal est un choc C'est une épreuve très dure pour les salariés, pour leurs familles, pour tous ceux qui depuis des années travaillent sur le site. Ça fait deux ans qu'on se bat pour essayer de trouver un repreneur solide. Deux ans que l'État n'a pas ménagé ses efforts pour essayer d'ouvrir une perspective de reprise qui soit solide et qui puisse tenir dans le temps long pour les salariés. C'est un échec pour nous tous. Je pense que faire appel de la décision, vendre des illusions aux salariés, ce ne serait pas responsable.
Maintenant, il faut se tourner vers l'avenir. Et l'avenir, c'est quoi ? C'est que chacun exerce ses responsabilités. La première responsabilité, c'est celle de Renault. Je le dis avec beaucoup de fermeté. La première responsabilité sur le site industriel de la SAM, c'est Renault : responsabilité pour accompagner les salariés, pour les former, pour les reclasser.
Ensuite, j'exercerais toutes mes responsabilités comme ministre de l'Économie pour accompagner les salariés et pour faire en sorte qu'il y ait un avenir sur le site industriel de la SAM. Si c'est la fin de la SAM comme entreprise, ce n'est pas la fin du site industriel de la SAM. Je vais me battre pour qu'on puisse y développer de nouvelles activités industrielles. Il est essentiel que ce bassin industriel continue de se développer.
"Si c'est la fin de la SAM comme entreprise, ce n'est pas la fin du site industriel de la SAM. Je vais me battre pour qu'on puisse y développer de nouvelles activités industrielles."
Du côté des salariés, on a l'impression d'avoir été trahi par Renault et l'État. Les syndicats affirment que la seule offre de reprise sur la table avait le soutien de l'État et puis mardi vous déclarez que l'offre n'était pas crédible.
Ma responsabilité, c'est de tenir un langage de vérité aux salariés. Ce n'est pas de vendre des illusions, ce n'est pas d'essayer d'enjamber les prochaines élections en disant : "J'ai apporté quelques millions, on va franchir les élections, puis après chacun se débrouillera". Ça, ce n'est pas ma vision de mon rôle de ministre de l'Économie. Mon rôle, c'est de protéger les salariés, de leur offrir des perspectives d'emploi, de leur permettre de se former, de se qualifier dans une transition technologique, écologique dont on voit qu'elle est très rapide et très brutale.
Je ne perds pas espoir de trouver une reprise industrielle différente pour la SAM pour que les salariés puissent garder un emploi, faire valoir leurs compétences dont je sais qu'elles sont exceptionnelles. Maintenant, il faut nous tourner vers l'avenir et faire en sorte que la reprise industrielle du site, le développement du bassin d'emploi donnent des perspectives à chacun, aux salariés et à leurs familles.
"Je ne perds pas espoir de trouver une reprise industrielle différente pour la SAM."
Les salariés sont des ouvriers qui sont très spécialisés dans leur domaine. Certains ne sont pas très loin de l'âge de départ à la retraite. Est-ce qu'on peut vraiment penser à une nouvelle formation quand on a 55-60 ans ?
Je veux une solution pour chaque salarié, une solution sur-mesure adaptée aux parcours de vie de chaque salarié. Ce n'est pas la même chose d'être à la SAM à 35 ans ou d'y être à 52 ou 53 ans, d'y avoir travaillé 10 ans ou deux ans. Il va falloir que chaque salarié ait un parcours accompagné, soutenu pour trouver une solution qui lui corresponde. C'est une promesse que je fais et je tiens mes promesses.
Renault doit mettre sur la table un paquet pour chaque salarié qui soit avantageux. C'est la première responsabilité de Renault. Il a une responsabilité morale, financière vis-à-vis de chaque salarié. Ensuite, il y a l'État. Je vais débloquer tous les moyens nécessaires dans le fonds d'urgence que j'avais mis en place pour anticiper ces difficultés des fonderies avec la transition écologique, technologique.
Il y a 50 millions d'euros disponibles. Je prendrai toute l'enveloppe nécessaire pour que chaque salarié puisse disposer soit d'une aide à la formation de 15.000 euros, soit d'une aide à la création d'entreprise de 15.000 €, soit une aide à la mobilité de 5.000 € s'il faut se déplacer pour chercher un emploi. Chaque salarié aura droit à l'ensemble de ces enveloppes pour pouvoir trouver la solution qui lui correspond.
Avec la fermeture de la SAM, des suppressions de postes à Bosch à Rodez, l'Aveyron souffre. Vous parlez régulièrement de relocalisation des industries aujourd'hui. On a l'impression que tout disparaît ici.
Decazeville, c'est un bassin d'emplois de tradition industrielle depuis des décennies. Je ne suis pas du tout pour effacer les traditions et une mémoire ouvrière d'un revers de la main. Je pense que ce serait à la fois une erreur économique et en plus, une faute morale vis-à-vis des ouvriers et de leurs familles et vis-à-vis de l'histoire de ces familles qui comptent beaucoup pour moi.
"Je ne suis pas du tout pour effacer les traditions et une mémoire ouvrière d'un revers de la main."
Je souhaite que sur le bassin de Decazeville, nous puissions faire venir de nouveaux industriels, faire venir de nouveaux projets. On y travaille déjà avec beaucoup de détermination. Je pense qu'il faut accélérer ce travail, de manière collective. Les bonnes idées peuvent venir de partout.
Je suis prêt à y travailler avec les syndicats, les élus locaux et la présidente de la Région, Carole Delga. On a tous le même objectif : des emplois industriels sur le bassin de Decazeville. Alors, soit on se tire les uns entre les autres et on ne va pas y arriver, soit on se rassemble. La SAM est un échec mais maintenant, il faut tourner la page pour inventer un autre avenir sur ce site industriel et dans le bassin de Decazeville. J'ai la conviction qu'on peut y arriver.
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