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Gilets jaunes à Saint-Avold : "On est la parce qu'on en a marre"
A la veille d'un troisième grand week-end de mobilisation, les gilets jaunes de Saint-Avold restent plus déterminés que jamais et espèrent que leur ras-le-bol sera enfin entendu par le gouvernement.

Dans le bruit des klaxons, une petite voiture s'arrête en plein milieu du rond-point de Cora à Longeville-lès-Saint-Avold. De l'intérieur, Yolande baisse sa vitre et tend deux boites de viennoiseries toutes fraîches. "C'est normal, ils font aussi cela pour nous, alors on les soutient comme on peut" glisse t-elle avant de reprendre sa route.
De quoi tenir un siège
"Ils", se sont les gilets jaunes qui occupent le rond-point sans discontinuer depuis le 17 novembre, de jour et parfois même de nuit. Au bord de la chaussée, un feu crépite. Deux tentes pour se mettre à l'abri de la pluie, quelques tables et chaises, et tout au fond, de quoi tenir un siège : café, chips, pain, gâteaux... "C'est toute la nourriture que nous apportent les gens, montre fièrement Dominique. Parfois ils donnent de l'argent, certains s'excusent même de ne pas pouvoir donner davantage." Ce matin, ils sont une vingtaine. Une délégation est allé rencontrer le maire de Saint-Avold André Wojciechowski pour demander du soutien.
On compte chaque centimes"
Dominique vient de Vahl-Ebersing. 50 ans, travailleur handicapé, il vit de CDD et d'intérims. Sa femme Catherine est également au chômage. La faute à une fracture de la rotule qui l'empêche, dit-elle, de retrouver un emploi. "On compte chaque centimes. On arrive plus à mettre 50 euros de côté. On a un livret, il est vide" explique t-il. Le couple a deux enfants, dont une fille qui vit toujours à la maison avec un maigre salaire de 800 euros par mois. "Elle ne peut pas se payer de voiture, alors je lui prête la mienne" poursuit Catherine.
Dégoût et colère
Chacun se confie sur sa situation personnelle. Chômeurs, retraités, travailleurs qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts. Il y a de la colère et du fatalisme, mais pas d’agressivité ni de violence. A Saint-Avold, bloquer n'est pas casser. Juste le besoin d'exprimer un dégoût d'une situation "qui n'est plus tenable" confie l'un d'eux.
Bernard est de ceux qui sont les plus loquaces. Retraité du secteur des transports, il peste contre ces dirigeants "instruits mais pas intelligents." Il raconte qu'il vote à toutes les élections, mais envisage sérieusement de brûler sa carte d'électeur. "On paie de plus en plus d'impôts, de charges, de taxes, et on ne voit rien venir. Les hôpitaux ferment, les écoles ferment... Mais où va tout cet argent ?"
Personne ici n'a été convaincu par le discours d'Emmanuel Macron mardi. Sur ce petit rond-point de Moselle-Est, le Président de la République est le symbole de "ceux d'en haut", "ceux qui ne comprennent pas". Et la rencontre entre des porte-paroles (qu'ils ne reconnaissent pas) et le Premier Ministre ce vendredi n’intéresse pas davantage. Ils n'en attendent rien. Dominique par exemple ironise sur les incitations à acheter des voitures propres, électriques : "Pour cela il faut un prêt. Et vous croyez que les banques elles vont nous prêter de l'argent ?" Bernard assure qu'il n'est pas contre la taxe carbone, mais refuse que seuls les automobilistes paient.
Samedi, les gilets jaunes de Saint-Avold manifesteront à nouveau, pour un troisième week-end consécutif, parce que l'heure n'est pas à baisser les bras. Combien seront-ils ? Peu importe pour Bernard. "J'ai entendu dire que la dernière fois on était 7.000. Moi je ne vois qu'une personne : le peuple."
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