Grève des pompiers à Limoges : "Les gilets jaunes vont-ils se transformer en gilets rouges ?"
Une vingtaine de camions de pompiers ont bruyamment défilé dans les rues de Limoges ce vendredi matin, pour réclamer des effectifs supplémentaires et une revalorisation de la prime de risque. Le mouvement dure depuis plus de deux mois et la colère enfle face au silence du Ministère de l'Intérieur.

Toutes sirènes hurlantes, les pompiers de Limoges ont défilé dans le centre ville ce vendredi matin avec une vingtaine de camions couverts de messages revendicatifs.

Comme au niveau national, ils sont en grève depuis début juillet à l'appel d'une intersyndicale pour réclamer une revalorisation de leur prime de risque et des effectifs supplémentaires. "Les effectifs baissent depuis plusieurs années alors que nous sommes confrontés à une augmentation exponentielle des interventions, en particulier des secours à la personne" explique Nicolas Corneloup, secrétaire général Force Ouvrière au service départemental d'incendie et de secours de la Haute-Vienne.
Le syndicaliste, qui est aussi numéro deux national de FO chez les pompiers, déplore l'absence de discussions avec le ministre de l'Intérieur ou ses services. Il estime que ça de l'huile sur le feu et il redoute une radicalisation du mouvement. "Si le dialogue ne se fait pas, que va-t-il se passer ? Les gilets jaunes vont se transformer en gilets rouges ? Les pompiers en colère vont se dire que les syndicats ne servent à rien et vont faire comme les gilets jaunes : se mettre à tous les ronds-points de France pour tout faire brûler, tout casser en se disant que là on sera peut-être reçus."

La bascule pourrait se faire lors de la manifestation nationale prévue le 15 octobre à Paris. Les pompiers de Limoges ont prévu de s'y rendre mais en attendant ils misent toujours sur une mobilisation qui se veut "bon enfant". Lors de leurs différentes étapes devant la mairie de Limoges, le conseil départemental ou encore la préfecture de Limoges, ils ont fait signer 700 cartes postales pétitions qui seront envoyées au Président de la République.
Au-delà du soutien de la population, Nicolas Corneloup estime se tourne vers les responsables politiques qui ne font pas assez à ses yeux. _"_Les élus nous soutiennent... lorsqu'il y a un mort ! Là ils viennent sur la tombe des pompiers pleurer et dire qu'on fait un métier formidable et qu'on prend des risques. Par contre en dehors de ça, on n'a aucune reconnaissance."

L'une des conséquences de cette situation selon les syndicalistes, c'est que de plus en plus de pompiers professionnels décideraient de changer de métier au bout de quelques années. Un phénomène qui s'expliquerait par de multiples facteurs : fatigue et colère liés au manque d'effectifs et de reconnaissance, mais aussi ras-le-bol des agressions qui se multiplient.