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Hausse des prix du carburant : en Ile-de-France, le covoiturage a le vent en poupe
Pour faire face à la hausse des prix à la pompe, de nombreux Franciliens ont recours au covoiturage pour aller au travail. Une bonne façon de faire des économies et de faire des rencontres. Certains ont déjà franchi le cap il y a plusieurs années et ils ne regrettent absolument pas leur choix.

Hervé, 56 ans, vit à Voisins-le-Bretonneux dans les Yvelines. Tous les matins depuis plus d'un an, il passe prendre Thomas, 46 ans, à Versailles. Direction Colombes dans les Hauts-de-Seine où ils travaillent tous les deux. "Je le récupère le matin à 7h20 et je le dépose à 8 heures. Ça nous fait environ 40 minutes de trajet ensemble. Et le soir nous partons autour de 18h", précise Hervé, le conducteur.
Hervé s'est lancé dans le covoiturage il y a trois ans lors des grèves SNCF et il n'a jamais regretté son choix. Il faut dire que la pratique a le vent en poupe. Conséquence de la hausse des prix du carburant, depuis plusieurs semaines, les principaux sites et applications voient leur nombre d'utilisateurs grimper en flèche. Et pas sûr que les annonces de Jean Castex jeudi 21 octobre de verser 100 euros à tous les Français qui touchent moins de 2 000 euros net par mois y changent quelque chose. Dans la région parisienne, il existe une dizaine de sites qui proposent de faire du covoiturage entre votre domicile et votre lieu de travail, d'après Ile-de-France Mobilités. Parmi les acteurs principaux du secteur, on trouve l'application Karos, Klaxit et BlaBlaCar Daily. Tous les trois ont signé une convention avec Ile-de-France Mobilités.
"Ça me paye un plein"
Hervé et Thomas font partie des 300 000 Franciliens qui utilisent Karos (l'application compte environ 400 000 utilisateurs en France). Ce n'est pas la hausse des prix du carburant qui les a poussé à franchir le pas mais ils comprennent que de plus en plus d'utilisateurs se tournent vers cette pratique dans ce contexte car selon eux, il n'y a que des bénéfices. Actuellement, Hervé covoiture Thomas trois à quatre fois par semaine. Grâce à cela, il gagne un peu d'argent : "Je touche moins de deux euros le trajet. A la fin du mois ça me rapporte autour de 40 à 50 euros. Je fais deux pleins dans le mois, ça me paye un plein." Thomas estime qu'il n'y a que des avantages : "Pour venir de Versailles jusqu'ici c'est un peu la galère en termes de transports en commun. Normalement il me faut un peu plus d'une heure. J'ai cherché des solutions alternatives et je suis rapidement tombée sur Hervé. Nos horaires correspondaient parfaitement. On a sympathisé et ça fait un an et demi qu'on covoiture ensemble."
"Aujourd'hui, on se rend bien compte que la voiture c'est un élément de confort pour voyager seul. A terme, on ne pourra pas tous avoir une voiture pour se déplacer, ce ne sera pas vivable. Il faut changer de façon de se déplacer" - Thomas, passager de covoiturage
Thomas possède un Pass Navigo qu'il paye mensuellement. Son entreprise lui rembourse la moitié et ses trajets en covoiturage ne lui coîute rien puisque la région les prend en charge. Thomas doit donc seulement payer la moitié de son Pass et rien de plus. Une bonne chose selon lui mais il faudrait encourager encore plus la pratique : "Quand on circule tous les jours sur l'A86 on voit que dans la majorité des voitures il n'y a qu'une seule personne. Je me dis que si le covoiturage était un peu généralisé, ça circulerait mieux. Je pense qu'il faut changer de façon de se déplacer et le covoiturage en fait partie.
Hervé et Thomas ont d'ailleurs des idées pour développer la pratique. Par exemple, pour Hervé, "les voitures qui font du covoiturage devraient avoir le droit de circuler sur les voies de bus ou de taxis". Pour Thomas, ce serait une bonne chose qu'on "ouvre le tunnel A86 dès qu'il y a plus de trois personnes dans une voiture. On ne rend pas le passage gratuit mais 80% moins cher par exemple. On passe à trois personnes, ça fait deux voitures de moins sur la route et le trafic est fluidifié."
"Trois fois plus de covoiturage en Ile-de-France la semaine dernière"
Olivier Binet est le fondateur de Karos, créée en 2014. Depuis plusieurs semaines il note une recrudescence de la fréquentation : "On a fait la semaine dernière environ trois fois plus de covoiturage en Ile-de-France que ce que l'on faisait il y a cinq semaines. C'est évidemment la hausse du prix du carburant qui fait se poser la question du covoiturage, côté conducteur ou passager." Olivier Binet détaille le profil de ses utilisateurs : "L'essentiel de nos utilisateurs sont des populations relativement modestes. Quand on les interroge, ils nous disent, pour la plupart, gagner moins de deux Smic mensuels. Grâce au covoiturage, ils économisent en moyenne 100 euros par mois."
Julien Honnart est président et cofondateur de Klaxit, une application de covoiturage là encore spécialisée dans les trajets domicile-travail. Sur toute la France, l'application compte plus d'un million de membres. Lui aussi note une hausse des demandes depuis plusieurs semaines : "L'impact est notable du côté des conducteurs. Depuis trois semaines, on a +50% d'augmentation de publications de trajets. Au-delà du fait de proposer plus de trajets, les conducteurs vont aussi covoiturer de manière plus régulière et donc plus de jours par semaine. Les conducteurs cherchent donc à optimiser d'avantage les frais de leur véhicule. Et ça fonctionne puisque si vous prenez deux passagers de manière régulière, vous pouvez gagner 160 euros par mois qui sont net d'impôts."
Selon Ile-de-France Mobilités, près de 96 000 trajets de covoiturage ont été effectués en septembre 2021.
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