« Juste une erreur administrative » affirme Normandie Logistique, un mois après l’incendie de Lubrizol à Rouen
Longtemps silencieuse la direction de l’entreprise Normandie Logistique réagit pour la première fois depuis les soupçons de délit et d’infractions avancés par la DREAL (direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement).

C’était mercredi face aux députés de la mission parlementaire sur l’incendie de Lubrizol. Patrick Berg, le directeur régional de la DREAL conclu son intervention par une phrase lourde de sous-entendus : « J’ai adressé un procès-verbal au Parquet pour signaler que j’ai relevé huit infractions pénales chez Normandie Logistique ». Un signalement confirmé depuis par le parquet de Paris. Mise en cause, l’entreprise Normandie Logistique sort donc de son silence par la voix de son directeur-général Christian Boulocher.
Un oubli en 2010
Parmi les problèmes soulevés par la DREAL, un « délit d’exploitation non conforme (…) ayant porté une atteinte grave à la santé ». En cause : la classification de Normandie Logistique sur l’échelle des risques. Elle a un statut « ICPE soumis à déclaration » alors que son activité relève, selon la DREAL, du seuil supérieur « ICPE soumis à enregistrement ». Ce décalage est important en termes de visite de contrôle d’installations. C’est le seul point sur lequel Normandie Logistique plaide coupable « Nous avons effectivement commis une erreur en 2010 lors d’un changement d’actionnaires. Une chose que l’on reconnait mais ça ne veut pas dire qu’on exerçait sans statut » affirme Christian Boulocher. Le directeur-général martèle que cet « oubli » n’était pas destiné à se soustraire aux contrôles. « De toute façon la DREAL connaît notre site pour l’avoir visité dans la mise en place du PPRT en 2011 et 2014. Puis elle est venue aussi en 2017. Si les écarts étaient si significatifs j’ose imaginer que la DREAL nous les auraient communiqués ».
Prêt à se défendre sur le reste
Interrogé sur les autres contraventions, toutes classées cinquième classe, Christian Boulocher affirme qu’il va transmettre au parquet une réponse détaillée, point par point, sur les aspects juridiques et techniques. Il ne comprend pas, par exemple, l’un des reproches postérieurs à l’incendie. « L’infraction qui consiste à stocker des fûts alors qu’un arrêté préfectoral du 30 septembre nous impose toute cessation d’activité ! C’est une situation curieuse de nous reprocher de continuer de stocker, donc d’exploiter le site, alors que l’arrêté nous interdit de sortir les fûts ». Aux yeux de Normandie Logistique seule « l’erreur administrative » pourrait donc lui être reprochée...
La balle est dans le camp de la justice qui, pour l’heure, a essentiellement mené des investigations de terrain, dans les locaux de Normandie Logistique et Lubrizol. Le temps d’entendre les dirigeants n’est pas encore venu.