De l'Ariège au Tarn : pourquoi veut-on rouvrir des mines de tungstène ?
Un projet de réouverture de la mine de tungstène de Salau en Ariège, un permis déposé dans le Tarn pour voir si il n'y aurait pas de tungstène dans les Monts de Lacaune... Ce matériau connait un fort regain d’intérêt. Pourquoi ?

On parle beaucoup de tungstène ces derniers temps, avec la bataille menée par la société australienne Appolo Minerals pour rouvrir la mine de Salau, une ancienne mine de tungstène qui employait encore 150 personnes quand elle a fermé en 1986 à Couflens, en Ariège. Plus récemment une demande de permis a été déposée dans le Tarn, pour faire un forage dans le secteur des Monts de Lacaune. France Bleu Occitanie se pose la question : pourquoi ce regain d’intérêt pour le tungstène ?
Un matériau résistant et très prisé
Le tungstène est un métal dur, très résistant. Il résiste notamment à la chaleur et il est du coup très prisé dans l'industrie aéronautique, l'armement ou les technologies high tech. On en utilise de plus en plus, or aujourd'hui plus de 80% du tungstène est produit en Chine. Pour le journaliste spécialiste des matières premières Guillaume Pitron, auteur du livre "La guerre des métaux rares", "les besoins vont croissant". Il estime que le tungstène est un métal stratégique, mais aussi "un métal critique car l'offre ne suit pas la demande qui est en hausse. Il y a des risques de pénurie". Il faut donc que d'autres pays émergent pour répondre aux besoins.
C'est pour cela qu'on voit arriver sur le devant de la scène des entreprises qui veulent rouvrir des mines en France, comme celle de Salau qui aurait un fort potentiel, ou qui cherchent des nouveaux gisements dans le Tarn. La France aurait un gros potentiel. Les spécialistes estiment que ça serait un vrai plus de produire le tungstène dans l'hexagone pour être indépendant énergétiquement.
L'impact environnemental
Mais ce n'est pas si simple. "Il n'y a pas de mine propre" pour le journaliste spécialisé Guillaume Pitron. Il estime que l'extraction de tungstène a forcément un impact environnemental, que ce soit au niveau de l'extraction ou du raffinage qui nécessite beaucoup d'eau et beaucoup d'énergie. C'est aussi ce que dénonce le collectif Stop Mine Salau. Même l'association pour promouvoir l'exploitation responsable de la mine de Salau (PPERMS) ne dit pas autre chose, mais son ancien président Jacques Soucasse estime qu'il est possible de relancer l'activité en l'encadrant un maximum pour réduire l'impact.
Le journaliste spécialisé Guillaume Pitron lui s'interroge : "doit-on laisser d'autres pays se salir à notre place pour nous fournir le tungstène dont on a besoin ? Moi je pense qu'il faut rouvrir les mines en France, parce qu'il y a un enjeu de souveraineté minérale mais aussi un enjeu écologique. Les mines en France seront plus propres que les mines en Chine. Les conditions de raffinage seront mieux encadrées et plus respectueuses de l'environnement".
Mais quel gouvernement voudra se mouiller et donner son feu vert pour rouvrir les mines de tungstène ? Jusqu'ici pour la mine de Salau en Ariège, l'Etat a seulement accordé un permis de recherche, d'exploration, mais pas encore d'extraction. La différence est de taille.