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"L'odeur du pain va me manquer" : dernière fournée avant la retraite pour ce boulanger de Châtellerault

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Ce jeudi 22 octobre, il fait cuire ses dernières baguettes. Alain Hayée est boulanger à Châtellerault depuis 31 ans, bien aidé par sa femme. Après leur dernière journée, ils éteindront les fours, fermeront leur porte vitrée et profiteront d'une retraite bien méritée, mais non sans émotion.

Alain Hayée et sa femme, Agnès, ont tenu leur boulangerie pendant 31 ans Alain Hayée et sa femme, Agnès, ont tenu leur boulangerie pendant 31 ans
Alain Hayée et sa femme, Agnès, ont tenu leur boulangerie pendant 31 ans © Radio France - Louis de Bergevin

Comme tous les jours, les clients affluent ce jeudi 22 octobre dans la boulangerie d'Alain et Agnès. Demain, ce sera bien plus calme. Et pour cause, Alain et Agnès profiteront paisiblement de leur retraite, après 31 ans dans cet établissement du boulevard de Blossac. Et ce matin, il y a de l'émotion. "De la nostalgie? Nooon, non" r épond Alain. "Oh un petit peu quand même!" réagit sa femme qui sert les clients.

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"Oui il va y avoir un manque, ça c'est sûr, reconnait le boulanger. Mais il va falloir se faire une raison. Il y a plein d'autres choses à faire dans la vie." Et jusqu'ici, la sienne est déjà bien remplie. "Je garde beaucoup de bons souvenirs avec les jeunes. Il y en a pas moins de 90 qui sont passés ici en formation."

L'odeur du pain va me manquer... Et la clientèle. Il faudra trouver autre chose pour avoir du contact humain - Alain Hayée

Et le réveil en pleine nuit alors? Ça ne va pas lui manquer? "Ah, si, ça va me manquer au début. Parce que moi la grasse matinée, quand je suis en vacances, c'est cinq heures du matin. Il va falloir quand même que j'essaye de réduire un jour, rigole Alain. Moi je n'ai presque pas pris de vacances. Je n'ai pas voyagé, je ne connais pas la France. Il y a des supers beaux coins que j'ai vu à la télé. J'aimerais bien les voir de mes propres yeux."

Pour ça, Alain revend sa boulangerie à un jeune de 26 ans. Elle sera fermée quelques temps pour des travaux, mais elle rouvrira ensuite. "J'espère que ce sera toujours aussi bon, s'inquiète Séverine, une cliente régulière. C'est vraiment le commerce de proximité par excellence, chaque boulanger a sa spécificité. Donc j'espère qu'on retrouvera la même qualité."

"La clientèle va me manquer", Alain aimait aussi servir les clients
"La clientèle va me manquer", Alain aimait aussi servir les clients © Radio France - Louis de Bergevin

En 31 ans, il a vu le pain changer

"On ne fait plus le même pain qu'il y a 40 ans, explique celui qui a monté sa boulangerie il y a 31 ans. On est sur de la tradition française, sur du pain qui demande plus de travail, plus de temps et sur des longues fermentations pour qu'il  développe des arômes authentiques." Ça, Alain a bien vu l'évolution. "La boulangerie a toujours su se tourner pour reprendre des parts de marché d'une façon ou d'une autre."

D'ailleurs, l’essor des supermarchés qui vendent du pain ne l'inquiète pas. "On ne peut pas dire que ça ne nous a pas touché. Mais aujourd'hui on détient quand même 65% des parts de marché en pain, contre beaucoup moins de 35% pour la grande surface. Ça ne m'inquiète pas. Ce qu'il faut, c'est que les boulangers fassent du pain qui plaise à la clientèle."

Par contre, le sandwich a envahi les boulangeries en quelques dizaines d'années. "Chez certains boulangers, c'est la majorité du chiffre qui se fait sur le sandwich. C'est un énorme changement. Mais de cette façon là, on vend du pain, encore."

Alain, devant son four
Alain, devant son four © Radio France - Louis de Bergevin

Une entreprise familiale

Ce rythme de vie doit bien être accepté par la famille. Ici, la femme d'Alain l'aide derrière le comptoir. Mais pas seulement."C'est la boulangerie de Marcel Pagnol, explique Agnès Hayée. La vie professionnelle et la vie familiale sont étroitement liées." Vous avez des enfants? demande le journaliste. "Oui, elle est ici", répond le couple en montrant la vendeuse, Sophie, leur fille. "On ne fait pas les repas de communion dans le fournil, mais ça aurait pu!" termine Agnès en rigolant.

"J'aurais un petit mot à rajouter, demande le bientôt retraité. Je voudrais remercier mon épouse de m'avoir suivi pendant des années, continue-t-il avec des larmes qui lui montent aux yeux. Je l'ai fait arrêter ses études d'infirmière pour pouvoir m'accompagner dans mon métier. C'était une aventure à deux, et une aventure formidable!"

Désormais, ils pourront profiter, à deux, même le matin, même le dimanche, de leurs petits enfants.

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