Quasi-impossible de demander ou renouveler son titre de séjour dans l'Hérault d'après la Cimade
Impossible de prendre rendez-vous avec la préfecture pour demander ou renouveler son titre de séjour : c'est ce que dénonce l'association la Cimade qui pointe du doigt la dématérialisation des démarches et le manque de personnels. Une situation qui s'aggrave depuis juillet 2018.

Les étrangers ont de plus en plus de difficultés à prendre rendez-vous en préfecture. C'est le constat des associations comme la Cimade ou encore le syndicat des avocats de France qui dénoncent une "casse des services publics". Alors à qui la faute ? À la dématérialisation et la réduction des effectifs : il est désormais "quasi-impossible de prendre un rendez-vous par internet" avec la préfecture pour une étude de dossier ou un renouvellement de titre de séjour depuis le mois de juillet dernier. Une situation dénoncée par le défenseur des droits dans un rapport intitulé "Dématérialisation et inégalités d'accès aux services publics".
"C'est la casse des services publics"
Avant pour faire une demande de titre de séjour ou un renouvellement, il fallait faire la queue à la préfecture. Depuis quelques années, cette queue est devenue virtuelle : il fallait alors attendre le dimanche soir à minuit devant son écran pour espérer obtenir un rendez-vous. Aujourd'hui, "le serveur ouvre aléatoirement et obtenir un rendez-vous est encore plus compliqué" d'après les bénévoles de la Cimade comme Jeanine : "Certains conjoints de français qui ont juste à renouveler leur visa perdent des mois devant un ordinateur à attendre un créneau."
Certains voient alors leur titre se séjour expirer et avec lui leurs droits aux prestations sociales, mais aussi leur droit de travailler. "Nous avons eu le cas à Béziers, raconte Michel, celui d'un travailleur en situation régulière depuis des années mais qui n'arrivait pas à obtenir un rendez-vous pour renouveler son titre. Nous avons du intervenir et il a réussi à obtenir un créneau la veille de la date d'expiration." Situation intolérable pour Céline Coupard, avocate et membre du syndicat des avocats de France :
"Les préfectures se déchargent sur les associations et les travailleurs sociaux" - Céline Coupard avocate
"Les serveurs de la préfecture sont asphyxiés et il n'y a pas d'alternative pour ceux qui n'ont pas internet par exemple. C'est une situation qui va se généraliser à tous les services publics dont la justice."
Céline Coupard, avocate, s'inquiète de la dématérialisation des services publics.
Les rendez-vous sont tellement difficile à obtenir que certains autoentrepreneurs en ont fait un business et proposent contre rémunération de faire une veille sur le site de la préfecture et de réserver un rendez-vous. Un "service" payant alors que l'accès aux services publics doit être gratuit.