La crise sanitaire donne du fil à retordre aux Restos du cœur dans la Marne et les Ardennes
Les Restos du cœur ont lancé leur 36e campagne hivernale. France Bleu était aux côtés des bénévoles ce mardi. Nadine Stévenin, la présidente des Restos dans les Ardennes et Yves Fouquet son homologue dans la Marne étaient les invités de France Bleu Champagne Ardenne.
Le constat est le même dans la Marne comme dans les Ardennes. Les bénévoles des Restos du cœur ont de l’énergie pour assurer leurs missions mais ils doivent faire face à des bénéficiaires toujours plus nombreux et à des mesures sanitaires qui ne leur facilitent pas la tâche.
Cette année, conséquence de l’épidémie de Covid-19 et de la crise économique, les bénéficiaires sont environ 10% plus nombreux que les autres années dans les Ardennes. Il y a entre 20% et 25% de bénéficiaires supplémentaires dans la Marne. Chaque année, 1,3 millions de repas sont servis aux plus démunis dans la Marne par exemple.
Besoin de bénévoles en renfort
La mise en place du confinement et des mesures barrières donnent plus de travail aux Restos du cœur. "Nos bénévoles sont presque tous des retraités, avec une moyenne d’âge de 70 ans, donc ce sont des personnes dites plus fragiles. Et puis par ailleurs, les salles que nous utilisons pour les distributions ont fortement diminué à cause des jauges. Cela nous amène à être obligés d’organiser des distributions sur un jour, alors que dans les petits centres elles ne duraient qu’une demi-journée et deux jours dans les grands centres", explique Nadine Stévenin, la présidente des Restos du cœur dans les Ardennes.
Avis aux amateurs, les Restos du cœur recherchent donc des bénévoles, pour travailler à l’épicerie, ou assurer des tâches logistiques par exemple. Les bénévoles avec des compétences en informatique, dans la formation ou le management sont particulièrement les bienvenus. Dans les Ardennes, les Restos ont aussi besoin rapidement d’un ou deux chauffeurs poids lourd pour assurer les tournées.
Par chance, la générosité n’est pas retombée avec le confinement mais les Restos ont toujours besoins de dons. Dans les Ardennes, les bénévoles ont notamment besoin de 15 000 euros pour compenser les événements caritatifs que l’association n’a pas pu organiser cette année à cause des mesures de confinement.
De plus en plus de bénéficiaires, de plus en plus de besoins
"Des personnes qui perdent leur emploi, des gens avec des emplois précaires on en a toujours eu mais là, il y en a beaucoup plus", estime la présidente des Restos du cœur dans les Ardennes. Les jeunes et les étudiants sont également plus nombreux à solliciter l’aide de l’association. "Malheureusement, c’est un mouvement de fond que l’on observe depuis plusieurs années, tout comme les retraités pauvres", dit Nadine Stévenin.
La crise ne touche pas tous les bénéficiaires de la même manière. Il y a des disparités dans la population. Le confinement est globalement plus difficile à vivre pour les personnes isolées et loin des villes. "En ce qui concerne le niveau de vie, il est clair qu’en Argonne ou dans le Vouzinois par exemple, le nombre de bénéficiaires nouveaux semble beaucoup plus important que dans des secteurs plus urbains. Par ailleurs, les associations humanitaires, caritatives sont beaucoup moins présentes, voir pas présentes du tout, en milieu rural", explique Nadine Stévenin.
C’est pour cette raison que les Restos du cœur ont des projets dans les Crêtes Préardennaises et aimeraient installer prochainement une antenne dans le secteur de Signy-l’Abbaye.
Réécoutez l'interview de Nadine Stévenin sur France Bleu Champagne Ardenne
Le rôle des Restos du cœur dans la réinsertion professionnelle
Les Restos du cœur ne se résument pas seulement à l’aide alimentaire. Il y a aussi lesoutien scolaire, l’accompagnement surinternetpour réduire la fracture numérique, l’accès aux droits et à la justice, à la santé, à la culture, des ateliers de langue française, de l’aide aux SDF ou encore de l’aide à la réinsertion professionnelle.
Dans la Marne, une quinzaine de personnes sont suivis par les Resto du cœur et participent aux chantiers de réinsertion. "Des hommes, des femmes, de tout âge, ce sont des accidentés de la vie", dit Yves Fouquet. "Nous les accueillons chez nous et grâce à cela, ils se réinsèrent tout doucement dans la vie professionnelle", poursuit le président des Restos du cœur dans la Marne.
Ces bénéficiaires travaillent principalement dans l’entrepôt des Restos où sont stockées les denrées à distribuer dans toute la Marne. Les candidats sont orientés vers les Restos par Pôle emploi.
"Ils font essentiellement de la manutention, du maniement de palettes, du chargement de camion et préparent les palettes. Cela leur permet de réintégrer le monde du travail, à travers ce que nous leur proposons et surtout cela leur permet de travailler sur leur projet professionnel à venir. Le but n’est pas de les garder chez nous, il faut surtout que cela soit une sortie positive pour eux et qu’ils retrouvent du travail par la suite", dit Yves Fouquet.
Réécoutez l'interview d'Yves Fouquet sur France Bleu Champagne Ardenne