- Accueil
- Nouvelle-Aquitaine
- Gironde
- Infos
- Économie - Social
- La fin avant l'heure pour les salariés de l'usine Ford de Blanquefort
La fin avant l'heure pour les salariés de l'usine Ford de Blanquefort
La production de boîtes de vitesse automatiques s'est arrêtée une semaine plus tôt que prévu à l'usine Ford de Blanquefort. Les salariés ont été prévenus mercredi matin par leur hiérarchie. Ils font leurs cartons entre tristesse, colère et amertume.

Ils ont dû vider leurs placards et faire leurs cartons une semaine plus tôt que prévu : à la sortie de l'usine Ford de Blanquefort, les têtes sont baissées, les yeux humides. La production de boîtes de vitesse s'est arrêtée mercredi 24 juillet, soit une semaine plus tôt que prévu. Les salariés ont été prévenus par leur hiérarchie le matin-même. Ils seront désormais payés en restant chez eux.
"Du jour au lendemain, on vous dit c'est fini, tu ne reviendras plus. Ça fait mal."
Pour beaucoup, cette annonce sonne comme un coup de massue avant l'heure. Certes, la production était quasiment nulle depuis plusieurs semaines, mais les salariés devaient normalement finir le 31 juillet. "On se débarrasse de nous comme des malpropres" souffle Bella. "On nous a pris pour des cons" s'énerve un autre salarié. "C'est lamentable, ils ont annoncé ça alors qu'il n'y avait aucun syndicat présent dans l'usine. On ne les laisse même pas finir le mois comme prévu. J'ai vu des gens pleurer" regrette Éric Troyas, ancien secrétaire Force Ouvrière, qui reconnaît tout de même que "depuis plusieurs semaines la production n'était pas mirobolante, les salariés faisaient des petits compléments, du bricolage".
Une production quasiment à l'arrêt depuis plusieurs semaines
"La production s'arrête en effet ce mercredi et pas le 1er août, mais ces derniers jours les volumes produits étaient extrêmement faibles" explique Fabrice Devanlay, porte-parole de Ford France. "On sait depuis un an que la cessation d'activité est inévitable, mais on pensait que l'arrêt de la production serait la semaine prochaine. Ils n'ont plus besoin de nous. On va avoir la gorge serrée, on a parfois passé plus de temps sur le site que chez nous" témoigne un technicien de maintenance âgé de 60 ans qui travaillait chez Ford depuis trente ans.
À la sortie de l'usine, plusieurs salariés sortent les bras chargés. "On a vidé nos placards" acquiesce Frédéric, 52 ans, ses dossiers et sa cafetière dans un sac. Lui travaille chez Ford depuis 29 ans : "Certains l'ont bien pris, mais pour la majorité, c'est dur. Il y a une certaine nostalgie. Du jour au lendemain on ne travaille plus dans cette usine, il faut commencer une vie ailleurs. Certains partent en pré-retraite, mais pour la majorité, comme moi, se pose la question : que va-t-on trouver ?"
Le défi du reclassement
Selon la direction le 10 juillet Ford comptait 850 employés, dont 660 ouvriers. Parmi eux, la moitié (427) ont un projet après la fermeture de l'usine : près d'un tiers (253) est parti ou va partir en pré-retraite, 20% ont trouvé une solution de reclassement (formation, aide à la création d'entreprise ou aide au déménagement par exemple). Les premières lettres de licenciement seront envoyées à partir du 1er septembre.
C'est l'aboutissement d'un an de conflit social. Le groupe américain avait annoncé en février 2018 son intention de se désengager de Blanquefort. Malgré la forte implication du gouvernement, le constructeur avait refusé en début d'année l'offre du seul repreneur en lice, le strasbourgeois Punch-Powerglide, préférant appliquer son plan social.