La "relance éco" en Normandie, l'activité de la reine de l'aiguille Bohin, dans l'Orne, boostée par la crise
A 187 ans, la vieille manufacture, fleuron français, connait une reprise en fanfare. Le fabricant reconnu à l'international pour tout ses articles de mercerie et principalement ses aiguilles et épingles a vu son activité stoppée net avec le Covid. Aujourd'hui la quasi totalité des salariés a repris.
En plus d'un siècle et demi, la manufacture Bohin dont une partie est aujourd'hui musée continue de régner en maître sur les bords de la rivière La Risle, à Saint-Sulpice. La PME s'est de fil en aiguilles imposée sur les marchés du monde entier comme l'un des premiers fabricants d'articles de mercerie: Bohin est d'ailleurs le dernier en France à fabriquer des aiguilles à coudre et épingles à tête de verre et de sûreté .
Une entreprise qui a repris ses activités quasiment normalement à 98% de ses effectifs même si la production, elle est encore très réduite. Mais le 17 mars, à l'annonce du confinement, toutes les machines se sont arrêtées net. Les 36 salariés ( auxquels s'ajoutent trois apprentis et trois personnes dédiées au tourisme d'entreprise) se sont retrouvés au chômage partiel. Pour la jeune dirigeante de 34 ans, Audrey Régnier, le choc est d'autant plus difficile qu'il lui faut dans le même temps gérer ses 3 jeunes enfants avec comme question lancinante, comment sauver l'entreprise .
C'est finalement le décret du 24 avril qui va redonner de l'élan à la PME
Ce décret classe Bohin France parmi les activités de première nécessité.
La crise du coronavirus implique le port de masque et Bohin produit justement tout ce qui sert à leur fabrication: aiguilles, fils, élastiques, ciseaux et autres crayons craies
Les commandes repartent très vite à la hausse de 5% dans les premières semaines à un peu plus de 25% aujourd'hui.. Et les chaines de production devraient reprendre à 100% en juillet prochain.
La dirigeante a décidé d'innover et de rafraîchir la marque pour capter une nouvelle clientèle
Les clients de Bohin sont fidèles. Ils aiment à travers cette entreprise Française, son histoire et la qualité de ses produits. Mais soucieuse de conforter son marché, Audrey Régnier a choisi la réactivité. C'est ainsi que pour répondre à la crise pandémique, Bohin propose un Kit à moindre coût pour fabriquer chez soi des masque de qualité.
Une dirigeante qui depuis deux ans, a également entamé un changement de stratégie et lancé des collections, une nouveauté en mercerie. La dernière pour 2020 vient d'ailleurs de sortir avec forcément du retard sur la date prévue .Ses produits phares ont été relookés, proposant un assortiment de ciseaux, centimètres, et autres produits au design modernisé et décliné en couleurs pop . Autre innovation, qui marche déjà très bien : un coffret couture pour homme.
Des produits que Bohin continue de vendre dans le monde entier
38 pays exactement. Le plus gros marché c'est celui des Etats-Unis, en forte hausse malgré la crise du Covid. La nouvelle image qui plait aux clients fidèles a attiré des acheteurs plus jeunes . " Pas question d'oublier l'histoire de cette PME créée en 1833, mais de maintenir la qualité avec un zeste de modernité pour nous redonner des couleurs" , précise Audrey Régnier. Car la relance d'après confinement n'a pas totalement fait rebondir les résultats. le chiffre d'affaire même avec un très bon mois de mai, accuse encore un retard de -25 à -30%.
La crise n'a pas freiné la manufacture dans son activité, bien au contraire; les fournitures pour les masques et les produits de mercerie ont vu leur demande progresser, explique Audrey Régnier la directrice générale de Bohin
La relance éco en Normandie, c'est chaque matin 7H15 sur France Bleu Normandie