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Landes : une exploitation agricole répond aux accusations de maltraitance sur ses saisonniers

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Le 17 juillet dernier, le site Mediapart a publié une enquête qui dénonce les conditions de travail inhumaines imposées aux travailleurs saisonniers des Fermes Larrère, une exploitation agricole landaise. L'entreprise Larrère, indignée par ces accusations, a décidé de répondre.

Dans son enquête, Mediapart accuse les Fermes Larrère, qui produisent notamment des carottes bio, de maltraiter ses travailleurs saisonniers. (Photo d'illustration) Dans son enquête, Mediapart accuse les Fermes Larrère, qui produisent notamment des carottes bio, de maltraiter ses travailleurs saisonniers. (Photo d'illustration)
Dans son enquête, Mediapart accuse les Fermes Larrère, qui produisent notamment des carottes bio, de maltraiter ses travailleurs saisonniers. (Photo d'illustration) © Radio France - Pierre Neveux

C'est le journal Mediapart qui a sorti cette enquête le 17 juillet dernier. Des saisonniers agricoles, colombiens notamment, auraient été exploités dans une grande exploitation des Landes : les Fermes Larrère, champion des carottes bio en Europe, une entreprise basée à Liposthey.

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Dans l'article sont décrites des conditions d'accueil terribles : pas de draps, pas de douche, de toutes petites chambres sales, des toilettes pleines de boue... Mais aussi des journées de travail de 12 heures en plein soleil, sans pause, avec des insultes. Le site d'investigation explique qu'ils sont une dizaine de saisonniers à dénoncer ces conditions de travail indignes.

"Comment des êtres humains normalement constitués peuvent-ils traiter comme cela leurs semblables ?"

La CGT des Landes a, elle aussi, mené son enquête. Aline Rondeau est la coordinatrice du collectif pour les travailleurs exploités au sein de la CGT. Elle raconte avoir été en contact avec deux jeunes Colombiens qui ont travaillé pour les Fermes Larrère de mars à mai dernier. Ils se sont confiés auprès de la CGT juste avant de repartir chez eux.

"Ces contacts-là n'avaient pas de contrat de travail, précise Aline Rondeau. On leur a envoyé un contrat de travail antidaté une fois qu'ils sont rentrés en Colombie. Ils étaient logés dans des conditions tout à fait insalubres. Ils étaient quarante dans une maison faite pour un quart de ses occupants. Dans la cuisine, il y avait des mouches et des rats. Et pour dormir, il n'y avait ni drap, ni oreiller."

Aline Rondeau ne le cache pas : elle a été profondément choquée par les conditions de travail décrites par les deux jeunes. "Je ne sais pas comment des êtres humains normalement constitués peuvent traiter comme cela leurs semblables. Je n'ai toujours pas compris... sauf pour le profit, pour l'argent. Quand on sait que ce sont des carottes bio qui sont produites et qu'on justifie le prix plus élevé des produits bio à cause du coût de la main d'œuvre. C'est un scandale." La syndicaliste prévient : "Et je vous assure que la CGT finira par y mettre un coup d'arrêt".

Une enquête infondée, selon l'entreprise Larrère

Face au scandale, l'entreprise familiale Larrère a décidé de répondre. Selon le directeur, Patrick Larrère, les journalistes de Mediapart ne sont pas venus sur place. Et quant aux conditions d'accueil, le dirigeant assure que le ménage est fait de manière très régulière, mais qu'il n'a pas accès aux parties privées des logements.

Concernant les horaires de travail, l'entreprise explique, comme elle l'avait déjà dit à Mediapart, que tout fonctionne via un système de badge, qui permet ainsi aux employés de connaître leurs heures d'arrivée et de sortie. Selon Patrick Larrère, une des employées mentionnée dans l'enquête comme étant sous-payée aurait en fait touché une avance sur salaire.

Du côté des insultes, régulières selon certains employés cités, l'entreprise agricole précise avoir mené une enquête interne. Le directeur assure que l'employé concerné, celui qui insultait visiblement les saisonniers agricoles, a été renvoyé.

"Des mots graves, qui nous ont profondément blessés"

Cette enquête aura permis une chose : faire le tri dans ce qui n'allait pas et améliorer ce qui peut être amélioré, explique Patrick Larrère. "Nous sommes une entreprise landaise familiale. Quand on a lu ces mots graves, qui nous ont profondément blessés, on est allés chercher la vérité, confie Patrick Larrère à France Bleu Gascogne. À partir de là, on s'est rendu compte que cela pouvait donner toute une série d'améliorations et de plans d'actions."

"On a même décidé, après avoir sondé les salariés, de mettre en place une charte éthique, avec un cahier des charges, poursuit le dirigeant. Il concernera les conditions d'hébergement, le management, les conditions de travail, d'intégrations... Nous sommes en train de sonder des cabinets d'audit extérieurs pour qu'ils viennent faire des visites surprises et interroger les saisonniers. On cherche à s'améliorer."

Un sentiment d'injustice

Patrick Larrère ressent un sentiment d'injustice : "Gros, gros, sentiment d'injustice. Ce n'est pas du tout comme ça que ça se passe chez nous. Mais ce qui a fait chaud au cœur, ce sont les dizaines et dizaines de messages de soutien, de personnes qui nous connaissent, et ne nous reconnaissent pas dans les mots de l'enquête. On a plein de belles histoires dans notre exploitation".

Selon l'enquête que l'entreprise aurait menée en interne, auprès de ses salariés et de manière anonyme, ces derniers ne se plaignent pas des conditions de travail. "Nous sommes des humanistes, des gens humains, s'indigne le directeur. Toute cette histoire me porte à dire que l'agriculture doit être mieux comprise. Ce sont des problématiques que tous les agriculteurs connaissent. On invite les gens à venir constater d'eux-mêmes."

Le procureur de Mont-de-Marsan confirme avoir été récemment saisi par l'Inspection du travail sur ce dossier.

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