Logistique en nord-Isère : un "rush" de fin d'année un peu particulier
À un mois de Noël, Thomas Daubré-Vignier, vice-président du Pil'ES, le Pôle d'intelligence logistique basé à Saint-Quenti-Fallavier, était l'invité de France Bleu Isère ce lundi matin.

Le Pil'ES représente combien d'emplois entre Nord-Isère et le Rhône ?
On est 170 entreprises aujourd'hui et ça représente entre 5 et 6.000 salariés. En période de "pleine bourre", ce sont 13.000 salariés qui travaillent dans le secteur de la logistique sur les territoires de Saint-Quentin-Fallavier, Satolas (Rhône) et la plaine de l'Ain.
On est à quelques semaines de Noël, moment très important pour la chaine logistique. Le report du "Black Friday" (au 4 décembre) a-t-il un impact cette année ?
Je dirais oui et non. Nos entreprises se préparent bien en amont. Les articles de mode ou les décorations de Noël sont dans les magasins en général début novembre. Le Black Friday peut avoir un impact dans le sens où nos entrepôts sont pleins, et les salariés sont prêts à scanner les colis. Le premier confinement a servi de leçon d'adaptabilité de notre métier et on a une souplesse qui permet de décaler les livraison. La question du report c'est juste une gestion du personnel ; il faut l'affiner.
Est-ce une situation inhabituelle ou le "click and collect" compense-t-il la fermeture des magasins ?
On aimerait bien que le click and collect compense à 100% ! Nous avons dans nos adhérents des pure players type Spartoo ou LDLC qui n'ont pas de magasin et qui vendent en ligne ; pour les vendeurs traditionnels comme Ikea, Decathlon ou But, le click and collect a pris une importance non négligeable mais c'est surtout les commandes web qui ont augmenté. Malheureusement ça ne compense pas 100 % du chiffre d'affaires des entreprises.
Vous êtes en phase de recrutement ?
Effectivement, toutes les agences d'intérim sont très sollicitées. Malheureusement notre métier est en pénurie ; il manque entre 300 et 500 personnes en permanence. Ça devient très compliqué de recruter.
Parce que ce sont des métiers complexes ?
Oui et non. Le métier a un peu une mauvaise image. On a vu lors du premier confinement que la logistique était un métier crucial pour la survie de l'économie. Une forme de reconnaissance est en train d'arriver...
Ce sont les petites mains qui font tourner le pays en période de confinement comme les caissiers ou les éboueurs...
Exactement, ce sont "les premiers de corvée". Pour que ça arrive dans les magasins ou chez les gens, il y a beaucoup de monde derrière.
Vous serez attentif aux annonces du Président demain au sujet de la réouverture des magasins ?
Il va y avoir un rush dans les magasins (au moment de la réouverture, ndlr). Tout le monde va se réveiller en même temps et les transporteurs vont être très fortement sollicités. Les délais de livraison risquent de s'allonger.
La plateforme de Saint-Quentin-Fallavier, c'est un peu la caverne d'Ali Baba pour certains cambrioleurs ! Vous avez mis en place des mesures de sécurité ?
On a essayé de fermer la caverne d'Ali Baba en travaillant en partenariat avec les forces de gendarmerie. Depuis plus de deux ans la zone est sous vidéoprotection. Le Pil'ES a créé une une émanation qui s'appelle le "Pil'ES secure" : des adhérents se sont regroupés pour mutualiser leurs besoins en sécurité. Il y a des rondes régulièrement la nuit en lien direct avec les forces de gendarmerie, ce qui permet de diviser le temps d'intervention par deux. Lors d'une récente réunion avec la gendarmerie, on nous a annoncé des renforts. Les vols et les tentatives ont baissé de plus de 50 % en deux ans.