Passer au contenu

Le média
de la vie locale

Publicité
Logo France Bleu

Mouvaux : des salariés deviennent les copropriétaires de leur entreprise

Par

"Les Façonnables", une entreprise liée au secteur de l'imprimerie, était condamné à fermer il y a encore 6 mois. 37 salariés ont décidé de sauver leur emploi en créant une Scop, une coopérative. Des salariés sans patron mais plus motivés que jamais.

L'entrepôt des Façonnables, à Mouvaux
L'entrepôt des Façonnables, à Mouvaux © Radio France - Stéphane Barbereau

C'est une société dont l'âge d'or remonte à une quinzaine d'années. Dans cet entrepôt, on reçoit d'immenses feuilles de papier, des publicités, que l'on va plier pour les glisser dans les magazines, comme par exemple de petits échantillons de parfum dans une étiquette. On broche, on pellicule le papier, autrement dit on le façonne, d'où le nom de la société : les Façonnables.

Publicité
Logo France Bleu

Un secteur en crise

La crise du secteur de l'imprimerie et de la presse aussi a divisé par quatre le chiffres d'affaires en 15 ans. Les dettes s'accumulent, 2 millions d'euros au total et en septembre 2016, le fondateur de la société annonce qu'il veut vendre. Redoutant de ne trouver aucun repreneur, il souffle l'idée aux 70 salariés de l'époque de créer une Scop (société coopérative et participative). Vianney Duhoo était cadre depuis 15 ans chez les Façonnables, il en est maintenant le directeur général :

A terme, on était amené à perdre nos emplois. La majorité des salariés nous a fait part de la volonté de continuer et c'est pour çà qu'on s'est battu !

Vianney Duhoo, le directeur général des Façonnables
Vianney Duhoo, le directeur général des Façonnables © Radio France - Stéphane Barbereau
loading

Aucune entreprise ne souhaite racheter les Façonnables, les 37 salariés restants, sont donc les nouveaux copropriétaires. Les autres ont été licenciés parce qu'ils ne voulaient pas continuer.

Chaque salarié doit apporter de l'argent au capital

La reprise en Scop a été facilité à plusieurs niveaux : les dettes ont été effacées (il s'agissait surtout de cotisations Urssaf ou de TVA non payées) et les salariés qui restent doivent apporter entre 3 et 10 000€ chacun. C'est une sacrée somme pour les ouvriers qui sont notamment payés au Smic. C'est là que la région et la métropole de Lille entrent en jeu. Les deux collectivités prêtent l'argent à un taux d'intérêt insignifiant. Au total, ça représente 300 000€ d'emprunt qui seront remboursés dès que l'entreprise renouera avec les bénéfices. Le risque pour les salariés est limité puisque si l'entreprise connaît de nouvelles difficultés, le remboursement du prêt sera ponctionné sur la prime de licenciement.

Une motivation supplémentaire pour les salariés

Dans les ateliers, les salariés ne cachent pas que la motivation est plus grande depuis ce 7 mars 2017, jour où le tribunal de commerce de Lille a autorisé la Scop a reprendre les Façonnables. La règle dans le fonctionnement de la coopérative est simple : un salarié égale une voix, un ouvrier a droit au chapitre autant qu'un agent de maîtrise. Muriel est productrice plieuse depuis 20 ans, fière de son travail. Pour la première fois, elle n'a plus de patron et ça change tout :

C'est clair, il y a plus de motivation. Avant, je venais avec un boulet maintenant je suis contente !

Muriel Carlier, plieuse depuis 20 ans chez les Façonnables
Muriel Carlier, plieuse depuis 20 ans chez les Façonnables © Radio France - Stéphane Barbereau
loading

Et tous ces salariés sont optimistes pour la suite : on prévoit déjà une dizaine d'embauches en CDI pour répondre aux clients qui n'ont pas lâché cette société malgré ses difficultés. Ces employés sont optimistes mais raisonnables : ils prévoient un chiffre d'affaires stable pendant 3 ans avant peut-être de rêver un peu + grand.

L'info en continu

Publicité
Logo France Bleu