Nancy : les livreurs réclament une meilleure rémunération et une protection sociale
Les coursiers travaillant pour les plateformes de livraison de repas à domicile se sont joints à l’appel à mobilisation des syndicats CGT et Solidaire ce samedi à Nancy pour dénoncer leurs conditions de travail et réclamer une meilleure rémunération.
On les reconnait de loin sur leur vélo ou scooter, énorme sac isotherme sur le dos, slalomant entre les voitures, parfois en prenant tous les risques pour livrer au plus vite les repas commandés, sauf ce samedi vers midi où ils ont décidé de poser leur deux roues et rejoindre la manifestation contre le chômage et la précarité organisée par la CGT et Solidaire.
L’un d’eux prend la parole, tout en gardant l’anonymat car c’est risqué dit-il « On ne sait jamais, je peux être radié à tout moment » mais il accepte de témoigner « Ce qu’il faut savoir c’est qu’au début, je trouvais ça très bien, j’étais autonome, je parvenais à gagner jusqu’à 3000 euros par mois, mais ça c’était avant. Aujourd’hui, la donne a changé, le prix des courses a diminué. On travaille beaucoup plus, jusqu’à 14 heures ou 15 heures par jour qu’il neige, qu’il pleuve ou qu’il vente. Nous n’avons aucune protection sociale et la plateforme peut nous radier des listes à tout moment ».
15 à 20 livraisons par jour pour 1500 euros
Abdelhamid, lui explique qu’il est encore en train de rembourser les mensualités du crédit qu’il a contracté pour s’acheter un vélo électrique « j’avais besoin de m’équiper car vous vous imaginez monter l’avenue Boufflers avec n’importe quel autre vélo. Les courses me sont payées entre 2 euros et 12 euros en fonction de la distance, des difficultés, du poids et autres critères bien précis mais c’est très peu. Je dois enchaîner en moyenne entre 15 et 20 livraisons par jour ».
Jérémy lui est nouveau dans le métier mais il n’avait pas le choix « j’étais serveur dans un restaurant mais suite au confinement j’ai été licencié or j’ai un crédit à payer, un frigo à remplir et des enfants à élever, je n’avais vraiment pas le choix, il fallait que je travaille et livreur, c’est tout ce que j’ai trouvé mais j’ai hâte de reprendre mon métier de serveur ».
Mercredi un rapport a été remis au premier ministre pour réguler les métiers liés aux plateformes numériques. Il préconise notamment l’obligation des travailleurs à s’affilier à un tiers (coopérative ou société de portage) et seraient payés en fonction du chiffre d’affaire apporté à la société et bénéficieraient ainsi de tous les droits liés au salariat. Une mesure diversement appréciée par les principaux concernés.