Paris : l'association DAL manifeste devant le ministère du Logement le jour de Noël
Une petite centaine de personnes s'est réunie ce mercredi, jour de Noël, devant le ministère du Logement, avenue de Ségur à Paris, à l'appel de l'association DAL, droit au logement. Chaque année, elle se mobilise dans différents lieux de la capitale pour sensibiliser au mal logement.

"Noël sans toit, Noël dans la rue", c'est avec l'un de ces slogans que l'association DAL, droit au logement, est venu manifester devant le ministère du Logement, avenue de Ségur dans le 7e arrondissement de Paris ce mercredi, jour de Noël. Chaque année, ce jour-là, l'association se bat pour se faire entendre et pour que les personnes à la rue ou mal logées ait un logement décent. Selon l'Insee, en 2019, il y a plus 3 millions de logements vacants en France, 120 000 à Paris. Et pourtant, de plus en plus de personnes sont à la rue ou dans un logement insalubre.
Une chambre à se partager dans un hôtel depuis 2 ans
Chama par exemple, dans le groupe de manifestants, est originaire d'Algérie. Elle vit avec sa fille de 15 ans dans un hôtel de Rueil-Malmaison, dans les Hauts-de-Seine, depuis 2016. Toutes les deux se partagent une chambre, sans cuisine, _"_on galère, on est stressées et ma fille est malheureuse et triste", commence cette mère de famille. "Elle ne veut plus rester dans cette chambre". Elles ont à peine la place de circuler dans les lieux.
Cette chambre, c'est le 115 qui leur a trouvée après avoir été à la rue : "J'ai supplié la dame que j'ai eu au téléphone au 115, en pleurant. J'ai dit madame, je dors dans un grand parc à Malakoff avec ma fille, _j'ai peur pour elle_, qu'elle ne soit violée. Le lendemain c'était son anniversaire et l'Aïd, je lui ai dit qu'on allait fêter ça dehors, toutes seules. Alors elle m'a conseillé de rappeler le lendemain et j'ai finalement réussi à avoir un hôtel".
Nous sommes en juillet 2016 à ce moment-là. Cette petite famille loge dans la chambre depuis deux ans mais aujourd'hui elles sont menacées de partir. "Ma situation fait que je dois partir. Si je n'ai pas d'enfant de trois ans ou moins, je ne suis plus prioritaire. Même si je suis malade, mon statut passe après. Je dois appeler tous les jours le 115 pour pointer mais du jour au lendemain, on peut très bien me dire qu'il faut partir". Une note d'optimisme dans cette épreuve, sa fille a réussi à avoir son brevet malgré cette situation délicate.

De la glace à la place du cœur
Dans ce groupe d'une petite centaine de personnes, comme elle, des dizaines sont dans la même situation. Chaque année, DAL se mobilise, mais le ministre du logement n'entend rien pour Jean-Baptiste Heyraud, son porte-parole. "C'est la cruauté du système dans lequel on vit et que nourrit, alimente et soutien le ministre du Logement", estime-t-il. "Qu'est-ce qu'il a à la place du cœur ? De la glace ? C'est pas possible, il faut qu'il s'occupe des gens, pour faire en sorte que tout le monde vive convenablement".
"On sent qu'il y a une indifférence de la part du ministre [du Logement]", continue Jean-Baptiste Heyraud. "Il n'a jamais accepté de nous recevoir, alors que le DAL et d'autres, on a quand même contribué à améliorer la législation et que soit adoptées un certain nombre de lois qui protègent un peu les mal-logés et les sans-logis. En France, depuis quelques années, _on mène une politique archi-libérale du logement_, ce sont les investisseurs et les spéculateurs qui ont le vent en poupe donc le prix à payer, il est cher". Pour lui, "les loyers augmentent, il y a plus d'expulsions, les jeunes qui arrivent ont du mal à se loger, on s'enfonce dans la crise du logement dans notre pays, c'est ça qu'on est venu dire au ministre".
Il rappelle que le DAL choisit chaque année Noël car "il y a peut-être plus d'attention et de sensibilité", mais il n'est pas vraiment convaincu de ça.

L'association prévoit d'organiser une marche des réquisitions de logements à Paris dans les mois qui viennent.
