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A Paris, le développement d'Airbnb fait fuir les habitants des quartiers centraux

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Plusieurs arrondissements du centre de la capitale perdent des habitants alors que Paris en gagne globalement. Pour la municipalité, c'est la conséquence directe du développement des meublés touristiques, bien souvent illégaux. La mairie a lancé une nouvelle opération ce mardi matin.

© Maxppp

Ce mardi matin, le réveil a dû être matinal pour certains touristes étrangers à Paris. Pour la deuxième fois en six mois, la ville lance une opération coup de poing contre les meublés touristiques illégaux qui se développent dans le centre de la capitale. Après le marais (3e et 4e arrondissements), cette fois-ci, les contrôleurs de la direction du logement et de l'habitat vont aller frapper aux portes des 1er et 6e arrondissements.  Objectif : vérifier que la location que ces touristes ont réservé, via une plateforme du type Airbnb, est bien déclarée et que son propriétaire s'acquitte de toutes ses obligations. A partir de 120 jours de location par an, un propriétaire doit notamment "compenser" la surface qu'il loue aux touristes dans les arrondissements où le marché immobilier est tendu. En clair, il doit mettre sur le marché de la location "classique" une surface équivalente dans le même secteur.

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Un tiers des meublés touristiques illégaux

Or de nombreux appartements proposés aux touristes sur internet ne respectent pas la réglementation. Selon les estimations de l'Ahtop, une association de professionnels du tourisme, ou celle du site InsideAirbnb il y aurait entre 15000 et 20000 meublés touristiques "professionnels" à Paris, sur les 50000 à 60000 proposés par les plateformes internet. Or, la ville ne compte que... 700 meublés effectivement déclarés ! Près d'un tiers de ces meublés seraient donc dans l'illégalité. Naturellement, une bonne partie des revenus qu'ils génèrent échappe au fisc.

Airbnb à Paris : l'offre se concentre sur les arrondissements du centre et Montmartre

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Mais les conséquences du développement d'Airbnb et consorts ne sont pas seulement financières. La prolifération de ce type de location peut modifier totalement l'ambiance d'un immeuble, voire d'un quartier. "On a de plus en plus de plaintes de riverains" explique le maire (LR) du 1er arrondissement de Paris, Jean-François Legaret. Dans certains immeubles, de plus en plus de propriétaires transforment leur appartement en meublé touristique, attirés par les rendements financiers, bien meilleurs. Et la cohabitation est parfois compliquée avec les riverains "historiques" qui n'en peuvent plus des ballets de valises dans leurs escaliers et des retours tardifs des fêtards en pleine semaine. "Sans compter que ce n'est pas cette population qui remplit les classes d'école ou fait marcher le petit commerce", ajoute Jean-François Legaret dont l'arrondissement perd des habitants ces dernières années comme de nombreux quartiers du centre de la capitale.

Un logement sur six réservé aux touristes sur l'Île Saint-Louis

D'autres maires d'arrondissement comme Christophe Girard (4e - PS) ou Jean-Pierre Lecoq (6e - LR) tirent le même constat : si on n'enraye pas le développement de ce type de tourisme, leurs quartiers vont devenir des musées à ciel ouvert, vidés de leurs "vrais" habitants. Sur l'île Saint-Louis (4e), d'après une étude de l'Ahtop, 17% des logements aujourd'hui sont des meublés touristiques, probablement tous illégaux d'après les données que nous avons pu consulter.

Les arrondissements qui perdent des habitants à Paris

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La ville de Paris tente donc, tant bien que mal, de lutter contre ce phénomène qui inquiète de plus en plus de grandes destinations mondiales. Ian Brossat, l'adjoint (PCF) à la maire chargé du Logement à Paris déclare la guerre aux "multi-popriétaires qui transforment leurs logements en meublés touristiques, véritables machines à cash, qui sont autant d'appartement qui manqueront aux Parisiens. Nous n'avons rien contre les particuliers qui louent leur appartement quelques jours lorsqu'ils partent en week-end ou en vacances. Mais lorsqu'un propriétaire loue 3,4 ou 5 appartements exclusivement à des touristes, on n'est plus dans l'économie du partage on est dans l'économie de prédation.'" La ville va renforcer prochainement son équipe de contrôleurs spécialisés qui passera de 15 à 20 agents. Avec une quinzaine de condamnations de propriétaires l'an dernier, les procédures sont encore trop rares, mais des centaines de dossiers sont actuellement dans le collimateur des services de la ville qui arrivent aussi à transiger parfois : le propriétaire accepte de remettre son logement sur le marché de la location "classique". La ville de Paris va demander au gouvernement d'engager une réforme pour que les propriétaires risquent plus gros en cas d'infraction. Elle aimerait que l'amende encourue passe de 25000 actuellement à 100000 euros par logement dans l'illégalité.

Pour bien mesurer le développement d'Airbnb à Paris, un développeur web a réalisé une animation dont le rendu est assez saisissant : à voir ici.

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