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Déconfinement : plusieurs enseignes de distribution textile en situation délicate
A l’image des deux groupes "Camaïeu" et "La Halle" qui ont été placés cette semaine en redressement judiciaire

Les difficultés financières des deux entités ne datent pas d’hier, mais la période de confinement que l’on vient de passer risque de porter un coup fatal à ces enseignes.
A titre d'exemple le groupe "Camaïeu" entre janvier et juin aurait perdu près de 90% de ses ventes et le refus de lui accorder un prêt garanti par l’état en début de semaine risque fort d’accélérer la chute. Mais "La Halle", autre enseigne de proximité, risque de connaître le même sort.
Et pourtant en 2018 Camaïeu était encore considérée comme la première chaîne française de vêtements féminins. Mais entre temps, une mauvaise adaptation au marché internet, la crise des gilets jaunes et le corona-virus ont creusé sa dette. Estimée aujourd’hui à 250 millions d’euros, elle va peser lourd dans l’avenir de la chaîne qui possède 634 magasins et emploie 4000 salariés dans l’hexagone. Dans notre secteur "Camaïeu" possède des boutiques à Saint-Étienne, Roanne, Villars, Montbrison, Firminy et au Puy-en-Velay .Impossible de connaitre le nombre de salariés dans notre secteur, les magasins ont reçu la consigne de ne pas communiquer avec les journalistes.
Autant la situation de "Camaïeu" a surpris tout le monde, autant celle de "La Halle" était malheureusement attendue par les syndicats depuis un bon moment. Le groupe Vivarte qui possède "La Halle" a connu pas mal de soubresauts financiers ces dernières années l’obligeant à se défaire de plusieurs enseignes. Pour l’instant plusieurs plans de reprise partiels sont à l’étude en séparant les deux secteurs habillement et chaussures, mais en laissant sur le carreau près de 2200 salariés sur les 5400 du groupe. Les magasins La Halle dans notre secteur sont implantés dans la Loire à Saint-Étienne, Villars, Firminy Feurs et Roanne et en Haute-Loire à Monistrol, Le Puy en Velay et Brives-Charensac.
Pour Olivier Dauvers, spécialiste des marques et de la grande distribution, le mal ne date pas de la crise actuelle, même si la période de fermeture des magasins durant le confinement n’a rien arrangé. Plus grave, il imagine d’autres situations à risque dans les prochaines semaines
"Les premières victimes sont évidemment celles qui sont rentrées dans la période de crise en étant déjà affaiblies et finalement dans les noms qui sortent, que ce soit "Camaïeu", "La Halle", "Naf-Naf" ou "Alinéa" qui n’est pas dans le textile, mais dans le commerce, on voit bien que les enseignes qui étaient fragilisées avant le sont encore plus après. Et que mécaniquement certaines n’ont pas pu passer cette période pendant laquelle, il faut le dire, elles n’ont eu quasiment aucune rentrée d’argent; et ce n’est que le début de nombreuses autres enseignes qui malheureusement devront lever la main et abandonner la partie."
Une fois rentrés dans cette spirale de redressement judiciaire et peut-être de dépôt de bilan, les marques comme "Camaïeu" ou "La Halle" risquent fort de connaitre une issue fatale et des reprises partielles de leurs activité avec des restructurations sociales importantes. C’est en tout cas l’avis d’Olivier Dauvers, mais selon lui, c'est aussi et avant tout lié à une offre beaucoup trop forte sur le marché de l'habillement.
"Quand on est dans une situation pareille de dépôt de bilan ou de redressement judiciaire et pour certaines à terme de liquidation judiciaire, classiquement ça revient à faire le tri entre ce qui est sauvable et ce qui ne l’est pas. Entre le moins mauvais magasin et ceux qui ne sont pas sauvables, ce sont les repreneurs qui effectueront ce tri et se positionneront pour reprendre tel ou tel magasin. Hélas il y a deux lectures, une lecture triste pour les salariés qui ne seront pas repris, (oui il y aura du monde sur le carreau !)et une autre lecture cynique, il y a trop de magasins aujourd’hui en France, particulièrement dans ce secteur de l’habillement, qui est aujourd’hui le premier concerné par ces restructurations."
Les directions des groupes Camaïeu ou La Halle mis en redressement judiciaire mettent en avant les effets négatifs de la crise de la Covid-19 sur leur activité. Mais les syndicats ont beaucoup de mal à entendre ces arguments. L’endettement des groupes ne date pas de quelques mois seulement et leur fragilité antérieure est l'explication essentielle de cette situation. Thierry Siwik est délégué CGT chez Camaïeu.
"Dans le prêt-à-porter féminin, on est une enseigne répartie dans pratiquement toutes les villes de France. Là-dessus même on est les premiers. Il y a depuis plusieurs années des fermetures de magasins et on a également la connaissance d’un endettement qui dure depuis plus de 10 ans, mais on ne s’attendait pas à ce que la direction saisisse le tribunal de commerce pour mettre en place un redressement judiciaire. La direction essaie de faire valoir que les problèmes sont principalement dus au Covid-19 et au mouvement des gilets jaunes, mais la dette s'accumule depuis plus de dix ans et on craint une restructuration forte et des fermetures de magasins et des incidences sur le personnel du siège à Roubaix."
Les syndicats de Camaïeu vont écrire cette semaine au président de la République et au ministre de l’Économie Bruno Lemaire, pour leur demander le même type de soutien qu’il ont accordé à la filière automobile.
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