La relance éco : les sous-traitants de l'aéronautique dans le creux de la vague
Alors que tous les secteurs de l'économie repartent depuis quelques semaines, c'est plus compliqué pour la filière de l'aéronautique. À Orléans, la petite entreprise de sous-traitance, Lamré subit elle aussi, la crise de plein fouet.
Les yeux derrière une grande loupe, les gestes des mains précis sur un micro détecteur, Patricia Simon ne s'est jamais arrêtée pendant le confinement. Elle travaille depuis 41 ans dans la petite entreprise de sous-traitance, Lamré. Elle a connu beaucoup de moments difficiles mais une crise comme celle-là elle n'en avait jamais vu : "On produit de moins en moins depuis la fin du confinement. Avant on allait toujours à cent à l'heure, là c'est beaucoup plus calme. Franchement je n'avais jamais connu ça."
Spécialisée depuis vingts ans dans la réalisation de micro-détecteurs ses gestes sont minutieux et assurés : "J'espère sincèrement que je pourrai travailler jusqu'à ma retraite, depuis quelques temps je suis inquiète", dit-elle avec un petit rire nerveux.
Une entreprise familiale touchée par la crise
Autour d'elle, dans le petit atelier de Lamré, la vie ne s'est jamais arrêtée pendant le confinement. Comme elle, huit autres salariés font partie de la petite entreprise familiale créée dans les années 50. Ilsont continué de produire des détecteurs et des câbles pour les cabines de pilotage.
Ludovic Crets, directeur de Lamré et petit-fils du créateur, ne s'attendait pas à une période si complexe : "Nous avons travaillé pendant tous les confinement car nous avions suffisamment de place pour tenir les distances de sécurité. Et puis notre carnet de commandes est en décalé, nous avions donc encore du travail. Mais depuis quelques semaines c'est plus compliqué."
Filière à l'arrêt depuis plusieurs mois
La baisse progressive des ces commandes est la conséquence directe d'une filière toujours à l'arrêt rappelle Ludovic Crets, le directeur de Lamré : "Alors que tous les secteurs de l'économie repartent, nous, nous attendons toujours. Les avions volent beaucoup moins, voire pas du tout à certains endroits. Forcément la production baisse."
Vacances et activité partielle
Alors pour faire face à cette baisse, Ludovis Crets a commencé à mettre en place des mesures concrètes dans son entreprise pour garder ses neuf salariés : "Nous avons commencé par prendre des vacances tous ensemble pendant la semaine de l'ascension. Là j'envisage de mettre en place une activité partielle ces prochaines semaines."
Tout ce que je veux c'est garder mes salariés, mon équipe. Nous ne pouvons nous pas nous permettre de perdre leur savoir-faire.
Plan d'aide de 15 milliards d'euros
Des mesures concrètes, en attendant l'aide de 15 milliards d'euros promise le 9 juin par le ministre de l'économie, Bruno Lemaire, pour la filière aéronautique. Assis dans la salle de réunion vide, Ludovic Crets se veut cependant positif. "Cette aide c'est une bonne chose, on ne peut qu'être content. Mais j'espère surtout que l'argent arrivera jusqu'au sous-traitants et ne sera pas que pour les donneurs d'ordre."
Il ajoute : "On ne sait rien pour l'instant. On ne sait pas non plus comment seront versés les 300 millions d'euros de subventions prévus pour les entreprises sous-traitantes. Tout est encore très flou pour nous."
Un avenir incertain
Car ce sont les donneurs d'ordre, les grandes entreprises de l'aéronautique, qui définissent aujourd'hui le cap. Alors que les énergies plus vertes ou encore l'avion décarboné sont évoqués pour relancer la filière, Ludovic Crets parvient difficilement à se projeter : "On ne décide pas de l'orientation de la filière. Si les grosses entreprises décident de produire plus vert, alors on suivra le mouvement. Mais on le fera du mieux qu'on peut."
Comme l'entreprise Lamré, 321 entreprises, représentant près de 19 000 salariés sont spécialisées dans la sous-traitance aéronautique en région Centre-Val de Loire.