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"Vous vous rendez compte de la perte de cet outil industriel ?" : le maire de Decazeville s'insurge
Alors que la liquidation de la SAM de Viviez (Aveyron) semble inéluctable, le président de la communauté de communes s'inquiète de l'avenir du bassin de Decazeville, déjà sinistré.

François Marty, le maire de Decazeville et président de la communauté de communes, était l'invité de France Bleu Occitanie ce jeudi 25 novembre, alors que la fonderie aveyronnaise SAM de Viviez vient d'être lâché par Renault et l'État.
Est-ce que le bassin de Decazeville peut vivre sans la SAM ?
C'est une véritable onde de choc. La SAM aujourd'hui est le premier bastion, et dernier bastion industriel du bassin de Decazeville. Et surtout la plus grosse entreprise avec 400 salariés. Cela va mettre un coup fatal à tous les efforts menés au quotidien pour gagner quatre ou cinq, dix emplois avec les PME, les PMI, les artisans, etc.
On parle d'environ 350 salariés dans la SAM, mais en emplois indirects, ça fait combien en tout ?
C'est un millier d'emplois qu'on va perdre. Aujourd'hui un emploi industriel équivaut à trois ou quatre emplois de service. Et ce n'est pas moi qui le dit, c'est Louis Gallois qui a été PDG d'Airbus et qui aujourd'hui a une mission sur l'emploi industriel pour le gouvernement. Donc, c'est un millier d'emplois. Parce qu'il y a la sous-traitance, la maintenance, la logistique, l'implication sur les commerces, etc. Et il faut bien savoir aussi que l'emploi industriel pèse beaucoup plus en masse salariale qu'un emploi de services.
Renault, l'unique client de la SAM, a donc annoncé cette semaine qu'il ne soutenait pas l'unique offre de reprise présentée par Patrick Bellity, un des anciens patrons de l'usine. Vous arrivez à comprendre cette décision ?
Non, on la comprend pas du tout. D'autant qu'il faut que Renault soit cohérent. Parce que Monsieur Bellity est à la tête d'un groupe à Orléans, et a comme client Renault. Donc je suppose que Renault a confiance en l'usine d'Orléans. Et il n'aurait aujourd'hui pas confiance en Monsieur Bellity qui voudrait reprendre l'usine de Viviez ?
Ce serait un problème relationnel de Patrick Bility avec certains membres de Renault. C'est ça que vous avez entendu vous aussi ?
Ce que vous dites, c'est très grave. Si des problèmes relationnels mettent en jeu mille familles, c'est vraiment, dans ce pays, à se taper la tête contre le mur. C'est vraiment scandaleux.
Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, en a remis une couche, en confirmant qu'il n'y avait pas d'offre crédible pour la SAM. L'État est actionnaire de Renault à hauteur de 15%. Est-ce que c'est une faute grave du gouvernement ?
Ça fait peur. Parce que quatre jours avant, les mêmes pouvoirs publics ont écrit une lettre au tribunal de commerce de Toulouse en disant qu'ils soutenaient ce projet. Et qu'ils allaient nous donner de l'argent dans le cadre du plan de relance et avec des sommes importantes : trois millions d'euros. En même temps, on soutient ce projet, et puis, quelques jours après, on dit qu'il n'est pas crédible. Non, là, on est pas du tout, du tout sérieux.
Bruno Le Maire demande à Renault d'aider les salariés à se reclasser. Vous y croyez à cette aide de l'État ?
Les reclassements, on a déjà donné. On a perdu 3.000 emplois en 1987. La communauté de communes était de 38.000 habitants. 35 ans après, on est 18.500. On a perdu 19.000 habitants ! C'est comme si on avait rayé de la carte Decazeville, Aubin et Viviez. Donc les promesses, quand on supprime un bastion industriel, on connait : ça ne marche pas.
Le président de l'Union des métiers de la métallurgie en Aveyron dit que l'industrie se porte plutôt bien dans le département. Il n'y a pas des industries qui peuvent intégrer les salariés de la SAM ?
C'est ce que je souhaite à tous les salariés de la SAM. Mais un salarié qui a travaillé pendant 20-30 ans, qui est formé, il a une compétence sur un métier bien défini qui est la fonderie d'aluminium. Pour aller dans une activité différente, il va falloir passer par des mois de formation et ça sera très difficile pour des gens qui ont 50-55-60 ans. Surtout pour certains qui sont usés par un métier qui est quand même très difficile.
Est-ce qu'en tant que maire, vous allez prendre votre bâton de pèlerin et essayer d'aider les salariés à retrouver un emploi ?
Bien sûr, les élus, on ne va pas abandonner les salariés au moment où la situation devient de plus en plus grave. Mais il y a peut-être une petite lueur d'espoir parce que Renault s'est quand même engagé à prendre les pièces à la SAM jusqu'au 31 mars 2022.
Donc, on espère que le tribunal de commerce de Toulouse (et ce sont quand même les chefs d'entreprise qui siègent dans ces tribunaux) comprendra qu'il faudra encore un délai. On ne sait jamais, pour qu'il y ait peut-être une autre offre de reprise, ou que l'on puisse s'exprimer tous ensemble avec les pouvoirs publics et Renault pour enfin se mettre d'accord pour au moins sauver l'outil industriel.
Car aujourd'hui, un outil comme ça, si on voulait le recréer ça coûterait entre 100 et 120 millions d'euros. Vous vous rendez compte de la perte de cet outil industriel ? Ça nous mettrait à genoux et définitivement, car il n'y en a pas d'autres.
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