"Si vraiment je n'ai que ça, je prendrai ce travail..." : À Belfort, la galère des demandeurs d'emplois
Les chiffres du chômage sont parus ce mardi et le territoire de Belfort est le département le plus touché de la région : la hausse est de 11% sur un an, contre 4% "seulement" au niveau régional. Cela s'explique principalement par la baisse d'activité dans l'industrie.
Les temps sont durs sur le front de l'emploi, et particulièrement dans le territoire de Belfort, qui compte désormais près de 8.500 demandeurs d'emplois (de catégorie A, ceux n'ayant pas travaillé du tout). Et la hausse sur un an est spectaculaire : selon les chiffres de l'Insee, publiés ce mardi 27 avril, le nombre de demandeurs d'emplois a augmenté de 11% dans le Territoire, contre 4% à l'échelle régionale.
"Je suis au chômage depuis le mois d'août 2020, depuis que l'entreprise de BTP où je travaillais a fait faillite", raconte ainsi Fabien, 49 ans, croisé devant l'agence pôle emploi de la rue Thiers à Belfort. Les rendez-vous entre conseillers et demandeurs d'emplois s'enchaînent, le ballet des allers et venus est incessant. Mais vu le contexte sanitaire et économique, les offres intéressantes ne sont pas légion. "Je cherche mais pour l'instant on m'a proposé seulement de la maçonnerie traditionnelle - ce que je ne sais pas faire - ou bien un poste de coupeur de vitre..." raconte Fabien, "si je n'ai vraiment que ça, je le prendrai", souffle-t-il sans enthousiasme.
La reprise passe pour l'instant par l'intérim
Pour autant, certains demandeurs d'emplois ont un peu plus de choix et sentent même la reprise pointer le bout de son nez. "On sent que ça repart là, il y a quelques offres intéressantes qui sortent, j'ai déjà trois entretiens de prévus", se félicite Marie, employée en restauration, "j'ai postulé hier soir et ils m'ont tous répondu ce matin".
Car les pertes d'emploi sur le Territoire de Belfort ne sont pas homogènes. "Elles se concentrent aujourd'hui dans l'industrie, notamment chez les sous-traitants de PSA, en raison de la pénurie des semi-conducteurs", constate Bénédikte Rauzier, directrice de l'agence d'intérim Working Spirit à Belfort. "On a une forte baisse dans ces secteurs, et des missions souvent très courtes désormais, notamment pour remplacer les salariés malades ou cas-contact du Covid, il faut être assez réactif".
Car pour le moment, par manque de visibilité, beaucoup d'entreprises attendent avant d'embaucher et passent par l'intérim. "C'est ce qu'on essaie de dire à nos candidats : il faut profiter d'une opportunité en Intérim pour mettre un pied dans l'entreprise", souligne Bénédikte Rauzier. Et cela peut, malgré le contexte, déboucher sur une embauche plus pérenne : "Lorsque les entreprises ont un salarié efficace, elles veulent le garder, il y a encore régulièrement des embauches".