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STMicroelectronics va mieux et change de patron
Plombé jusqu'en 2015 par des échecs stratégiques, et notamment l'alliance nouée puis dénouée avec Ericsson, le fabriquant de semi-conducteurs qui emploie environ 6 000 personnes dans le bassin de Grenoble (Isère) accumule aujourd'hui les bonnes nouvelles. Il changera tout de même de patron en mai.

Production, chiffre d'affaire, marge et cours de bourse : tous les voyants sont au vert en ce moment du côté du fabriquant de semi-conducteurs STMicroelectronics. Quatre ans après avoir définitivement constaté l'échec de son alliance avec Ericsson et deux ans après avoir annoncé la suppression de sa branche décodeur et de 430 emplois en France - majoritairement à Grenoble - l'entreprise franco-italienne se porte comme un charme. Les syndicats sont les premiers à le reconnaître. Ainsi à l'usine de Crolles, dans la vallée du Grésivaudan près de Grenoble, Laurent Lavis, élu CGT explique "les charges de travail soit en fabrication, soit en service support ont crûes assez nettement sur toute l'année 2017 et on a eu aussi des entrées d'effectifs. Des personnes sont venues renforcer les équipes". Et ce alors que sur le site de Grenoble, plus orienté R&D, la mise en oeuvre du plan de suppression de postes décidé en 2016 - et qui se traduit finalement par des départs en retraite et volontaires - n'est pas encore terminée.
Apple et Space X gonflent le carnet de commande
La CGT qui, comme la CFDT, a néanmoins encore des attentes en termes d'investissements pour l'avenir, de choix stratégiques... voire de retour sur résultats pour les salariés! Ce qui gonfle les résultats de STMicroelectronics ce sont deux contrats sur lesquels la direction de l'entreprise n'a jamais voulu communiquer mais qui sont aujourd'hui secrets de polichinelle : une collaboration avec Apple sur les technologies de reconnaissance faciale et une autre sur les technologies de l'espace avec la firme d'Elon Musk Space X. Les succès enregistrés également dans le monde par la technologie FD-SOI, développée par STMicro et Soitec (à Bernin - Isère) ont aussi pesé favorablement sur le résultat 2017.
Sur fond de changement de patron...
Un redressement de l'entreprise qui a certes été amorcé ces dernières années par Carlo Bozotti, à la tête du groupe depuis 2005, mais avec depuis 2015 une pression accrue des Etats italiens et français. Derrière Carlo Bozotti le "financier" Carlo Ferro (qui annonce aussi son départ) était dans le viseur pour une stratégie jugée plus "financière" qu'industrielle. Le choix affiché la semaine dernière par Carlo Bozotti de Jean-Marc Chéry - actuel directeur général délégué et plus marqué "production" - pour lui succéder lors de la prochaine assemblée générale du groupe en mai, ne doit donc rien au hasard. Geneviève Fioraso, ex élue grenobloise en charge de l'économie et ex ministre de la recherche et de l'éducation supérieure de François Hollande confirme : "Cette nomination s'inscrit dans la continuité d'une réflexion commune, même si elle parfois été difficile, entre l'Etat français et l'Etat italiens pour se projeter dans l'avenir. Il y avait une tentation de gestion financière court terme qui n'aurait pas été bonne pour le territoire Grenoblois au sens large et qui n'aurait pas été bonne pour la microélectronique Européenne". L'Europe qui doit aujourd'hui s'engager pleinement dit l'ex ministre., et notamment financièrement en lieu et place des collectivités et de l'Etat français. "Parce que pour peser face aux Etats-Unis et à l'Asie il faut être européen [...] les investissements pour rester dans la compétition sont importants". A titre d'exemple Globalfoundries a estimé récemment entre 10 et 12 milliards d'euros le prix d'une usine pour graver en 7 nanomètres.
... de stratégie européenne et de compétition mondiale
Globalfoundries qui possède en Europe un grand site à Dresde (Allemagne), aux côté d'un autre concurrent de STMicroelectronics, l'allemand Infineon. C'est cet "axe franco-allemand" qui doit être le moteur d'un "Airbus de la puce" selon Geneviève Fioraso. C'est une question d'indépendance européenne sur laquelle les syndicats de STMicroelectronics attendent eux-aussi leur prochain patron. "Nous on voudrait savoir, explique Laurent Lavis délégué CGT à Crolles, ce que le futur candidat fera en matière de R&D. Est-ce qu'on va laisser les autres faire à notre place et se consacrer à nos outils de productions ou est-ce qu'on va investir massivement pour garder ce qu'on appelle l'indépendance technologique Européenne face aux Etats-Unis et à l'Asie?". Quels investissements et dans quelles branches? Pour Yann Meroth, élu CFDT sur le site de Grenoble, les choix affichés par STMicroelectronics lors de l'abandon de la branche décodeur, de se tourner vers les objets et véhicules connectés, n'ont pas encore montrer leur capacité à tirer l'activité de l'entreprise et quid "des technologies du big data et de l'intelligence artificielle". En devenant PDG de STMicrolelectronics en mai prochain Jean-Marc Chéry deviendra, au passage, le premier français à la tête de l'entreprise depuis sa naissance en 1983, fusion de Thomson Semiconducteurs et SGS.
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