Enquête sur "l'islamo-gauchisme" à l'université : le CNRS dénonce une "instrumentalisation de la science"
Frédérique Vidal a demandé mardi au CNRS de dresser un bilan de l'ensemble des recherches qui ont lieu à l'université pour distinguer ce qui relève du champ académique de ce qui appartient au militantisme. La ministre de l'Enseignement supérieur estime que "l'islamo-gauchisme gangrène" l'université.
C'est une séquence politique qui a provoqué un véritable tollé au sein du monde universitaire. Dimanche 14 février, la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal a estimé que "l'islamo-gauchisme gangrène la société dans son ensemble et l'université n'est pas imperméable". Elle a ensuite annoncé mardi qu'elle demandait au CNRS de mener une enquête sur l'état des recherches en France, afin de distinguer ce qui relève de la recherche académique de ce qui appartient au militantisme.
"Une instrumentalisation de la science" selon le CNRS
Mercredi, le CNRS a accepté de participer à cette étude tout en regrettant une "polémique emblématique d'une instrumentalisation de la science". "'L'islamo-gauchisme', slogan politique utilisé dans le débat public, ne correspond à aucune réalité scientifique", a répondu le CNRS dans un communiqué. Il "condamne" par ailleurs "ceux qui tentent d'en profiter pour remettre en cause la liberté académique, indispensable à la démarche scientifique et à l'avancée des connaissances, ou stigmatiser certaines communautés scientifiques".
De son côté, Thierry Mandon, ancien secrétaire d'Etat chargé de l'Enseignement supérieur sous François Hollande, s'est dit "sidéré" ce mercredi sur franceinfo. "Prétendre confier au CNRS _une mission quasiment de police de la pensée_" est "une aberration" pour lui. "Il y a une orientation de ce gouvernement qui va draguer des secteurs de l'opinion publique dans des endroits assez nauséabonds", a jugé par ailleurs Jean Chambaz, le président de Sorbonne Université, jeudi sur franceinfo. "On se croirait dans l'ancienne Union soviétique", s'est agacé l'universitaire. "On accole deux mots qui font peur pour ne pas définir la réalité d'un process." Il n'appelle cependant pas à la démission de la ministre, car "ça ne règlera rien" selon lui. "Je demande un changement d'orientation et de ton dans le comportement du gouvernement vis-à-vis des universités."