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Collèges d'Île-de-France, quand les inégalités scolaires renforcent les inégalités sociales
Une étude du CNESCO, le Conseil National d’Evaluation du Système Scolaire, vient de confirmer l’extraordinaire inégalité des moyens alloués aux différents collèges publics en Ile de France, selon les quartiers où ceux-ci sont implantés.

Le sentiment d’injustice que peuvent avoir certains parents et certains jeunes face à la situation de leur collège n’est pas une vue de l’esprit. Cette étude vient de confirmer que les collégiens des quartiers défavorisés bénéficient de conditions de travail nettement moins favorables que les élèves des zones favorisées.
Pendant deux ans, les chercheurs du CNESCO se sont penchés sur les inégalités territoriales de l'Ile-de-France en étudiant les quartiers dans lesquels les collèges sont implantés.
En fonction de vingt-trois critères portant sur l’emploi, les diplômes, la part de propriétaires, la part de cadres, d'ouvriers, etc, l’Île-de-France a été divisée en cinq catégories, allant des territoires parisiens et de banlieue très favorisés, aux territoires regroupant le plus de difficultés socio-économiques.
Parallèlement, les chercheurs ont recueilli les données sur la totalité des huit-cent-soixante-quatorze collèges publics franciliens en étudiant notamment les ressources humaines et les résultats des élèves.
Ils se sont intéressés aux résultats de l’examen du Brevet des collèges, sans prendre en compte le contrôle continu.
A la sortie du collège les différences de niveau des élèves sont très importantes et s'expliquent par de moins bonnes conditions de travail pour les élèves des quartiers défavorisés
Les résultats sont saisissants : 56 % de réussite pour les collégiens des territoires les plus favorisés contre seulement 23 % pour ceux qui étudient dans les collèges situés en zones très défavorisées. Pourtant, l’Education Nationale met plus de moyens pour ces territoires en difficulté avec les dispositifs REP+ mais les chercheurs ont calculé que l’augmentation du nombre d’enseignants dans ces zones défavorisées se traduit par en moyenne trois élèves de moins par classe par rapport aux zones favorisées. C’est peu.
Pire, alors que ces collèges accueillent les élèves qui ont le plus de retard scolaire, qui ont les conditions de vie les plus difficiles, c'est ici qu'on envoie les professeurs les plus jeunes avec le moins d'expérience. La part des moins de trente ans chez les enseignants est trois fois plus importante dans les collèges des zones très défavorisées d’Ile-de-France que dans les zones favorisées.
On y trouve aussi trois fois plus de contractuels. La triste palme revient au Val-d’Oise où, dans les quartiers défavorisés, un enseignant sur cinq est un précaire. Ce qui accentue encore le manque de stabilité des équipes éducatives dont on sait pourtant que c'est un gage de réussite des élèves. Dans les zones défavorisées, seuls 17 % des enseignants ont plus de huit ans d'ancienneté.
Certains territoires s’en tirent mieux que d’autres
Malgré un turn-over très important de ses jeunes enseignants, dans les établissements situés dans les zones défavorisées, les collégiens de la Seine-Saint-Denis arrivent à de meilleurs résultats à l’examen final du Diplôme du Brevet que les élèves du Val-d’Oise ou de l’Essonne qui étudient dans le même type de collège.
C’est encore plus vrai pour la Seine-et-Marne qui arrive à des résultats supérieurs à ceux attendus, au regard du nombre d’enseignants sans expérience qui sont affectés dans les quartiers les plus en difficulté. Une part de l’explication tient au fait que dans ce département, les équipes pédagogiques sont plus stables puisque les jeunes professeurs peuvent se loger correctement et plus facilement.
Au contraire, le département des Yvelines détient la palme des situations les plus inégalitaires. Alors que dans les banlieues résidentielles favorisées les collégiens du public ont d’excellents résultats à l’examen du diplôme du Brevet, dans les territoires les plus défavorisés, ils ont les notes les plus basses de la région. Dans ces collèges, presque un tiers des enseignants a moins de trente ans et 15 % ne sont pas titulaires. Des jeunes enseignants ne s’implantent pas dans ces collèges de zones sensibles découragés par leur condition de travail et la cherté des loyers dans les Yvelines.
Pour que les collégiens des quartiers en difficulté réussissent, il va falloir aider leurs professeurs
La conclusion de l’enquête suggère d’améliorer l’accueil des jeunes enseignants, avec des programmes de mentorats spécifiques pour les former aux difficultés pédagogiques rencontrées par leurs élèves. Il faut aussi améliorer leurs conditions de vie pour rendre leurs postes plus attractifs et ça passe par des logements accessibles, des places en crèche.
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