Coronavirus : le SNUIPP de l'Hérault s'inquiète pour les enseignants, le rectorat se veut rassurant
Pas question de faire courir des risques aux enseignants et aux professeurs. C'est le message adressé par le SNUIPP, l'un des principaux syndicats de l'Éducation nationale, qui estime que les injonctions de Jean-Michel Blanquer les met en danger. Le rectorat de Montpellier réagit et rassure.
Dans une lettre ouverte, le SNUIPP-FSU dénonce les "injonctions" du ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, mais aussi du rectorat de Montpellier. Ces derniers sont "accusés" d'avoir demandé aux enseignants, par l'intermédiaire des chefs d'établissement, d'aller remettre en main propre, dans les écoles, les documents et les photocopies de certains cours aux familles qui ne possèdent pas d'imprimante ou d'ordinateur, et qui seraient éloignées du numérique. La mesure viserait ainsi à corriger les inégalités, durant la période de confinement.
Une folie, à en croire le SNUIPP. Le syndicat ne veut pas que les professeurs aillent risquer d'être contaminés ou de contaminer eux-mêmes qui que ce soit. Il estime que les enseignants font déjà le nécessaire pour limiter les inégalités.
Anthony de Souza est professeur des écoles à Montpellier, il est aussi cosecrétaire du SNUIPP dans l'Hérault. Pour lui, les enseignants font face à la "déconnexion de leur hiérarchie".
Anthony de Souza estime que le Ministre est "déconnecté de la réalité"
Anthony de Souza : "Pas prioritaire par rapport au risque sanitaire (...) On propose déjà du travail qui ne se fait pas sur fiche, la lecture à distance (...) Ces solutions ne sont pas parfaites, mais elles permettent de ne mettre personne en danger".
Il estime que les profs font déjà tout ce qu'ils peuvent et que, de toute façon, la situation actuelle ne peut éviter le creusement des inégalités.
Anthony de Souza estime que le confinement va renforcer les inégalités entre les élèves
La réponse du rectorat de Montpellier
Face à ces inquiétudes, voire ces accusations, le rectorat réagit et se veut rassurant. La rectrice, Sophie Béjean, s'exprime à son tour sur France Bleu Hérault.
"Ces consignes ont été validées par le ministère et en inter-ministériel. Elles sont très claires. Ces remises de documents doivent être exceptionnelles et doivent être mises en place avec des consignes très strictes, pour des familles éloignées ou qui n'ont pas le numérique, pour ne laisser aucun élève au bord du chemin. Un seul parent par enfant, une fois par semaine, sur un créneau dédié, pour éviter des regroupements. (...) Le mot "exceptionnel" était d'ailleurs le seul souligné dans mon courrier, qui visait donc bien à restreindre ces pratiques, à les limiter et à les encadrer, quand elles existent. La priorité reste la santé des élèves, du personnel et plus généralement de la population. Par ailleurs, nous travaillons à d'autres solutions : l'envoi de documents par la poste, la remise en mairie quand cela est possible, favoriser aussi l'accompagnement par téléphone et notamment pour les petites classes, par exemple. Nous incitions également les familles à utiliser les ressources pédagogiques mises en place par France Télévision et Radio France, dans le cadre du programme 'Nation Apprenante'."
Sophie Béjean interrogée par Bertrand Queneutte