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Terrorisme : un ancien professeur d'histoire-géo de Tourcoing se souvient de Lionel Dumont

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Des professeurs ont participé à l'hommage national à Samuel Paty, ce mercredi. Des enseignants parfois confrontés, dans leurs classes, à des comportements contraires à la laïcité. Bruno Modica, professeur d'histoire-géo, se souvient de Lionel Dumont. Le terroriste était son élève à Tourcoing.

Lionel Dumont a été condamné à 30 ans de réclusion par la cour d'assises du Nord en 2005. Son professeur d'histoire-géo au lycée avait déjà remarqué qu'il était dans un "processus" de radicalisation. Lionel Dumont a été condamné à 30 ans de réclusion par la cour d'assises du Nord en 2005. Son professeur d'histoire-géo au lycée avait déjà remarqué qu'il était dans un "processus" de radicalisation.
Lionel Dumont a été condamné à 30 ans de réclusion par la cour d'assises du Nord en 2005. Son professeur d'histoire-géo au lycée avait déjà remarqué qu'il était dans un "processus" de radicalisation. © Maxppp - ASA-PICTURES / MIKAEL LIBERT/EPA

"J'avais cet élève au fond de la classe, qui était déjà dans un processus d'auto-exclusion un peu mystique". Trente ans après, Bruno Modica, professeur d'histoire-géographie, se souvient de Lionel Dumont. Celui qui deviendra peu après le cerveau du gang de Roubaix était son élève, au début des années 1990, au lycée Gambetta de Tourcoing, où il a enseigné durant sept années.

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Rien ne laissait présager ce qui allait se passer

Bruno Modica raconte que "la seule fois où il s'est manifesté, de façon modérée d'ailleurs, c'est quand j'ai abordé la question du conflit israélo-palestinien. Rien ne laissait présager ce qui allait se passer". Déjà converti à l'Islam à cette époque, Lionel Dumont partira ensuite en Bosnie, avant de revenir dans la métropole lilloise pour fonder, avec d'autres djihadistes français, le gang de Roubaix, responsable de violents braquages, et de la tentative d'attentat à la voiture piégée devant le commissariat de Lille en 1996.

A l'époque, le professeur affirme avoir abordé, "en conseil de classe, le fait qu'il était rentré dans un Islam rigoriste. Mais c'est toujours facile de réécrire l'histoire, une fois qu'elle a eu lieu. Des signalements de ce type d'évolution, pour les vieux briscards de ma génération, cela fait longtemps que nous les faisons".

Trente ans après, alors que l'assassinat de Samuel Paty  pose de nombreuses questions autour de la laïcité et de la liberté d'expression dans les établissements scolaires, ces souvenirs prennent un relief particulier.

Pas de vagues

Bruno Modica, porte-parole de l'association de professeurs d'histoire et de géographie Clionautes, estime que "nous payons aujourd'hui la tendance de l'institution à vouloir instaurer le 'pas de vagues' comme principe de gouvernement. Cela concerne tous les sujets : que ce soit la radicalisation, la violence que subissent les professeurs de la part de certains élèves, de certains parents d'élèves, la violence de la part de la hiérarchie. Les enseignants ne se sentent pas soutenus. Ni par leur hiérarchie, ni par certains de leurs collègues, face à ces atteintes à la laïcité. Il faut le dire sans langue de bois".

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