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Dans l'Eure, Sylvie Dévigne débarde les arbres avec ses chevaux pour préserver la forêt
À l'occasion de la journée "France Bleu s'engage pour nos forêts", découverte d'un métier peu commun et peu connu, celui de débardeur à cheval. Dans l'Eure, Sylvie Dévigne débarde forêts et rivières avec ses chevaux de trait, une méthode qui favorise "la régénérescence naturelle des sols";

Des chevaux et de ânes, mais aussi des chats, un chien, un cochon et une chèvre. Chez Sylvie Dévigne, au Bosc-du-Theuil (Eure), il y a vingt-cinq équidés avec lesquels elle intervient sur des zones naturelles de marais ou pour du maraîchage. Certains animaux servent aussi à débarder les arbres qui tombent et qui entravent le cours de rivières ou à déplacer les grumes en forêt. "On intervient sur demande sur des zones qui peuvent être un peu compliquées d'accès et sur lesquelles les propriétaires ou les gestionnaires veulent plutôt préserver vraiment les sols et donc ne pas faire intervenir d'engins mécaniques ou peu. Donc là, on intervient avec le cheval pour sortir les bois de la forêt ou au moins le décloisonnement" explique celle qui s'est formée à l'attelage au prestigieux Haras du Pin.
Avec 21% de surfaces boisées, l'Eure est le département le plus boisé de Normandie. Mais pour certains, le débardage à cheval relève de "quelque chose de très folklorique", ce qui fait sourire Sylvie Dévigne, qui ajoute que "c'est pire encore avec toutes les actions de fauchage parce qu'on travaille avec des vieux engins, ça donne l'impression de sortir d'un film du XIXe siècle".
On est performant, que ce soit sur du débardage ou sur du fauchage. Le cheval a toute sa place. On peut travailler avec un cheval, mais aussi deux, quatre, six, pour sortir des gros bois - Sylvie Dévigne
Favoriser la régénérescence naturelle de la forêt
Débarder avec un tracteur, ce serait beaucoup plus facile, "en général, il suffit de tourner la clé" sourit Sylvie. Avec un cheval, "on va moins tasser les sols et préserver la régénérescence naturelle" et Sylvie Dévigne de se souvenir d'une intervention sur une belle forêt privée : "Quand on a eu terminé ce chantier, on avait l'impression qu'on n'était pas rentré dans la parcelle. Il y avait encore des petites fleurs, des petits arbres. Enfin, la nature était là alors qu'on avait sorti une cinquantaine d'arbres ou peut être plus. C'était ni vu ni connu".
Contrairement au nord ou à l'est de la France, "probablement parce que les forêts sont plus pentues, parce qu'il y a une vraie tradition de gestion forestière par là bas qu'on n'a pas en Normandie", le débardage à cheval a du mal à trouver sa place dans notre région.
C'est un peu plus difficile par ici d'avoir d'avoir du travail en forêt - Sylvie Dévigne
Le débardage à cheval a du mal à convaincre
Sylvie Dévigne regrette qu'il se soit pas fait plus appel à elle et à ses équidés pour du débardage. "Les gestionnaires voient vraiment l'aspect économique. Effectivement, on peut être moins en moins rentable" reconnaît-elle, mais "en fait, il faut réussir à voir à long terme et vraiment prendre en compte l'impact en fait sur sur le sol, la régénérescence naturelle qui va pouvoir se faire alors que souvent, les forêts sont très abîmées après le passage des engins et en fait, il faut voir du coup à long terme, quel est le coût de cette reconstruction de la forêt".
On est performant, que ce soit sur du débardage ou sur du fauchage. Le cheval a toute sa place. On peut travailler avec un cheval, mais aussi deux, quatre, six, pour sortir des gros bois - Sylvie Dévigne
Et la débardeuse de s'émouvoir que pour "beaucoup de gestionnaires, il faut exploiter la forêt, il y a une rentabilité qui est recherchée, une rentabilité immédiate au moment où il décide de faire la coupe. Il faut que ça rapporte de l'argent. Il n'y a pas cette notion de à long terme. Qu'est ce qu'il va advenir de cette parcelle ? Bien sûr, elle va être plantée, mais en fait, on repart et el sol est complètement déstructuré, il n'y a plus de vie, donc forcément, ça va reprendre beaucoup plus de temps".
Si vous faites intervenir le cheval, votre forêt va plus vite se régénérer, donc vous pourrez plus vite refaire de l'exploitation forestière dessus - Sylvie Dévigne
Pomme, 13 ans au compteur et près de 700 kilos sur la balance, est capable de tracter un mètre cube de bois à chaque fois et la journée de travail peut durer six à sept heures. C'est une relation de confiance qui s'établit entre Sylvie, la débardeuse et Pomme, la jument de race Percheron : "Il n'y a pas très longtemps elle s'est enlisée sur le marais avec une faucheuse. Elle était couchée. Elle a attendu. Je suis allée la voir. Je lui ai parlé. Je l'ai "désharnachée" et elle est ressortie de là tranquillement. Elle sait qu'on est là l'une pour l'autre" se souvient la propriétaire d'Aux Coul'Eure du Cheval .
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